Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/297

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PSEUDOLUS. Sait-il se retourner quand cela va mal ?

CHARIN. Il tourne plus vite qu’une toupie.

PSEUDOLUS. Du jugement ?

CHARIN. Cent fois, pour ses méfaits.

PSEUDOLUS. Et en cas de flagrant délit ?

CHARIN. C’est une anguille, il glisse des mains.

PSEUDOLUS. Est-il savant ?

CHARIN. Comme un livre.

PSEUDOLUS. C’est un homme parfait, à vous entendre.

CHARIN. Ah ! si tu savais ! dès qu’il te verra, il te racontera sur-le-champ ce que tu veux de lui. Mais que vas-tu faire ?

PSEUDOLUS. Voici : quand j’aurai costumé mon homme, je veux le faire passer pour l’esclave du militaire ; il portera le signe au marchand avec les cinq mines ; il emmènera la belle de ce repaire : voilà toute l’histoire. Je lui expliquerai à lui-même comment il devra s’y prendre pour les détails.

CALIDORE. Pourquoi maintenant rester plantés là ?

PSEUDOLUS. Amenez-moi sans retard ce garçon habillé et avec tous les accessoires chez le banquier Eschine. Mais dépêchez-vous.

CHARIN. Nous y serons plus vite que toi.

PSEUDOLUS. Partez donc vivement. (Charin et Calidore s’en vont.) Tout ce que j’avais d’incertain et de trouble dans l’esprit est maintenant fixé et éclairci ; ma tête est toute débrouillée. Je vais faire avancer mes troupes enseignes déployées, mes braves légions ; heureux auspices, bons présages, tout est à souhait : je suis certain de pouvoir mettre l’ennemi en déroute. Allons sur la place, et faisons bien la leçon à ce Simia, qu’il sache ce qu’il doit faire, qu’il ne bronche point, qu’il joue son rôle en habile homme. Bientôt (montrant la maison de Ballion) nous emporterons ce bouge d’assaut.


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ACTE III.


SCÈNE I. — UN JEUNE ESCLAVE.


Quand les dieux mettent un esclave en service chez un homme du métier de mon maître, si avec cela ils lui infligent la laideur, certes, autant que je puis le sentir, ils le condamnent au pire des malheurs et à toutes les souffrances. C’est ce qui m’arrive