Le Câble est à nos yeux la plus parfaite des comédies de Plaute, tant pour le sujet que pour la conduite de l’intrigue et même pour le charme des vers. L’exposition en est ravissante : après une nuit de tempête, un vieil esclave sort de la ferme, située au bord de la mer, et contemple le dégât que l’ouragan de la nuit a fait dans la toiture. Les flots ne sont point apaisés encore ; tout à coup il aperçoit deux jeunes filles qui, dans une faible barque, luttent contre leur violence. L’une d’elles tombe à la mer, mais heureusement peut gagner les rochers ; l’autre atteint le bord. Chacune d’elles croit sa compagne perdue, et l’on peut se figurer le bonheur qu’elles éprouvent à se revoir. L’une est, comme toujours, une jeune fille de condition libre, enlevée, vendue à un marchand d’esclaves, et n’ayant pour se faire reconnaître de ses parents qu’une cassette de jouets qui vient d’être engloutie dans le naufrage ; l’autre ignore son origine. La prêtresse de Vénus les recueille dans son temple ; le marchand, qui a pu aussi gagner le rivage, vient pour les arracher de leur asile. Le vieux propriétaire de la ferme prend leur défense, et protège ainsi, sans le savoir, la fille dont il pleure depuis longtemps la perte. Mais son esclave pêcheur, Gripus, retire dans son filet la valise qui contient la cassette : le père reconnaît sa fille, affranchit sa compagne et les marie toutes deux. Quant au vil marchand qui s’était embarqué avec tous ses biens pour ne pas livrer Palestra à l’amant qui l’avait achetée et payée, il est ruiné par