Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/329

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haiter de vivre ? Je ne connais pas cet endroit, j’ai habité si peu de temps le pays ! Si encore j’avais quelqu’un qui m’indiquât une route, un sentier, pour sortir d’ici ! faut-il prendre de ce côté ou par là ? mon embarras est grand, et je ne découvre dans les alentours aucun champ cultivé. Le froid, l’anxiété, l’épouvante paralysent tous mes membres. Ah ! mes malheureux parents, vous ne savez guère à quelle détresse je suis réduite ; car je suis née libre, oui, mais à quoi cela m’a-t-il servi ? suis-je moins esclave que si j’étais née dans la servitude ? Et jamais je n’ai pu rendre un service à ceux qui m’ont donné le jour.


SCÈNE IV. — AMPÉLISCA, PALESTRA.


AMPÉLISCA. Quoi de mieux ; qu’ai-je de mieux à faire que de chasser la vie de mon corps ? je suis si malheureuse ! j’ai l’âme rongée de tant de soucis I Non, je n’épargnerai pas mes jours : j’ai perdu l’espoir qui me charmait. J’ai couru de tous les côtés,, je me suis traînée dans tous les coins pour trouver ma compagne, cherchant ses traces de la voix, de l’œil, de l’oreille.-Je n’ai pu la découvrir, je ne sais où aller, de quel côté diriger mes recherches, et je n’aperçois personne auprès de qui m’informer. Ah ! les déserts ne sont pas plus déserts que cette contrée ! Si elle vit encore, je ne m’arrêterai pas que je ne l’aie trouvée.

PALESTRA. Quelle voix se fait entendre près de moi ?

AMPÉLISCA. Je meurs de peur. Qui donc parle ici près ?

PALESTRA. Douce espérance, je t’en conjure, viens-moi en aide.

AMPÉLISCA. C’est une femme, oui, une voix de femme a frappé mon oreille ; me délivrerez-vous de mes frayeurs ?

PALESTRA. Plus de doute, c’est une voix de femme qui arrive à mon oreille. De grâce, est-ce Ampélisca ?

AMPÉLISCA. Est-ce toi que j’entends, Palestra ?

PALESTRA. Si je l’appelais par son nom, pour qu’elle m’entende ? Ampélisca !

AMPÉLISCA. Hé ! qui est là ?

PALESTRA. Moi, Palestra.

AMPÉLISCA. Dis, où es-tu ?

PALESTRA. Dans une bien triste situation.

AMPÉLISCA. Je t’en offre autant, ma part n’est pas moindre que la tienne. Mais je voudrais bien te voir.

PALESTRA. Ton désir est le mien.

AMPÉLISCA. Dirigeons-nous sur sa voix : où es-tu ?