Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/331

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LA PRÊTRESSE. Vous êtes venues sans doute sur un cheval de bois par la route azurée.

PALESTRA. Précisément.

LA PRÊTRESSE. Vous auriez mieux fait de venir en robe blanche et avec des victimes ; faites comme vous êtes, on ne s’approche guère de ce temple.

PALESTRA. Naufragées, rejetées par la mer sur le rivage, où pouvions-nous, dites-moi, prendre des victimes pour vous les amener ? Nous embrassons vos genoux, privées de toutes ressources, ignorant en quelle contrée nous sommes et quel espoir nous est permis ; recevez-nous sous votre toit, sauvez-nous, ayez pitié de deux malheureuses qui n’ont ni feu ni lieu, ni rien à attendre, et qui ne possèdent rien de plus que ce que vous voyez.

LA PRÊTRESSE. Donnez-moi vos mains, et relevez-vous toutes deux ; je suis la plus compatissante des femmes. Mais ici il n’y a que pauvreté et gêne, jeunes filles ; moi-même j’ai du mal à vivre ; j’épargne sur ma bouche pour servir Vénus.

AMPÉLISCA. C’est donc là le temple de Vénus ?

LA PRÊTRESSE. Oui, et c’est moi qui suis la prêtresse ; mais, quoi qu’il en soit, je vous recevrai de bon cœur, dans la mesure de mes moyens. Venez par ici avec moi.

PALESTRA. Vos manières sont pleines de bonté et d’obligeance, ma mère.

LA PRÊTRESSE. Je fais ce que je dois.


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ACTE II.


SCÈNE I. — DES PÊCHEURS.


De toute façon les gens pauvres mènent une misérable existence, surtout quand ils ne savent rien gagner et n’ont pas appris de métier : il leur faut bien alors se contenter du peu qu’ils ont a la maison. A notre équipage vous voyez déjà combien nous sommes cossus : ces hameçons, ces lignes, voilà notre gagne-pain, notre industrie. Nous venons de la ville à la mer chercher notre pâture : pour gymnase et palestre nous nous escrimons à prendre oursins, patelles, huîtres, glands, coquillages, orties marines, moules, ratons, plaguses cannelées. Puis nous tâtons de la pêche à la ligne et dans les rochers. Nous tâchons de