Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/349

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LABRAX. Oui, par Hercule, je les toucherai.

DÉMONÈS. Va donc ; seulement un pas de ce côté-ci.

LABRAX, montrant les esclaves. Dites-leur de s’éloigner tous les deux.

DÉMONÈS. Au contraire, ils s’approcheront de toi.

LABRAX. Ce n’est pas ce que je demande.

DÉMONÈS. Et que feras-tu, s’ils s’approchent ?

LABRAX. Je reculerai. Mais, vieillard, si jamais je te rencontre dans les rues, par Hercule ! je consens à perdre mon nom, si je ne te secoue de la plus belle manière.

DÉMONÈS. Tu pourras faire ce dont tu me menaces ; mais en attendant, si tu les touches, ce sera pour ton grand malheur !

LABRAX. Si grand, vraiment ?

DÉMONÈS. Assez pour contenter un drôle de ton espèce.

LABRAX. Je ne fais pas le moindre cas de ces rodomontades et je les enlèverai sur l’heure, malgré vous.

DÉMONÈS. Touche-les pour voir.

LABRAX. Oui, par Hercule, je les toucherai.

DÉMONÈS. Touche ; mais attends. Cours, Turbalion, et apporte des triques.

LABRAX. Des triques ?

DÉMONÈS. Et qui soient de taille ; fais vite. (A Labrax.) Je ferai en sorte que tu sois régalé aujourd’hui selon tes mérites.

LABRAX. Hélas ! malheureux, j’ai perdu mon casque sur le vaisseau ; il me serait bien utile à présent, si j’avais pu le sauver… M’est-il permis du moins de leur parler ?

DÉMONÈS. Non pas. Eh ! ma foi, voici notre porte-trique qui arrive fort à propos.

LABRAX. Il y a de quoi faire tinter les oreilles.

DÉMONÈS. Tiens, Sparax, prends cette autre trique ; allons, en place, l’un de ce côté-ci, l’autre par là. Tous deux en posture : bon ! Écoutez maintenant. S’il les touche du bout du doigt, malgré elles, et si vous ne le caressez avec vos gourdins jusqu’à ce qu’il ne sache plus par où retourner chez lui, c’est fait de vous. S’il adresse la parole à l’une des deux, répondez pour elles, d’où vous êtes ; s’il fait mine de s’en aller, embrassez-lui tout aussitôt les jambes avec vos bâtons.

LABRAX. Comment ! ils ne me laisseront même pas m’en aller ?

DÉMONÈS. J’en ai dit assez. Et quand l’esclave qui est allé chercher son maître sera revenu avec lui, rentrez sur-le-champ à la maison. Je vous engage à suivre mes ordres de point en point. (Il rentre chez lui.)