Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/348

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LABRAX, qui s’est rapproché de la maison de Démonés. Holà ! y a-t-il du monde ici ? holà !

DÉMONÈS. Si tu touches à la porte, à l’instant même on fera sur ta mâchoire une riche moisson de coups de poings.

UN ECSLAVE, à Labrax. Nous n’avons pas de feu, nous vivons de figues sèches.

DÉMONÈS. Je t’en donnerai, du feu, à condition de l’allumer sur ta tête.

LABRAX. J’irai, ma foi, en chercher quelque part.

DÉMONÈS. Et quand tu en auras trouvé ?

LABRAX. J’allumerai un grand feu ici.

DÉMONÈS. Pour te faire un sacrifice funèbre ?

LABRAX. Non, pour les brûler toutes vives sur l’autel.

DÉMONÈS. Je suis curieux de le voir ; car ma foi, au même moment, je t’empoigne par la barbe, je te jette dans le brasier, et, quand tu seras à moitié rôti, je te donne pour pâture aux grands oiseaux… Quand je réfléchis, voilà le singe qui dans mon rêve voulait malgré moi arracher du nid les hirondelles.

TRACHALION, Écoutez, vieillard, je vous prie de les protéger, de les défendre contre toute violence, tandis que je vais chercher mon maître.

DÉMONÈS. Va chercher ton maître et amène-le.

TRACHALION, montrant Labrax. Mais qu’il n’aille pas…

DÉMONÈS. Cela lui coûterait cher, s’il y touchait, s’il en faisait seulement la mine.

TRACHALION. Veillez-y.

DÉMONÈS. On y veille ; va.

TRACHALION. Ayez l’œil aussi sur lui, qu’il ne s’en aille pas ; car nous avons promis au bourreau un grand talent, si nous ne lui livrons le drôle aujourd’hui.


SCÈNE V. — DÉMONÈS, LABRAX, PALESTRA, AMPÉLISCA, ESCLAVES.


DÉMONÈS, à Labrax. Lequel aimes-tu mieux, coquin, de recevoir des coups pour te tenir tranquille, ou de rester tranquille sans coups, si on te donne le choix ?

LABRAX. Je me soucie de vos paroles comme de cela, vieillard. Ces filles sont à moi, et malgré vous, malgré Vénus et le souverain Jupiter, je les empoignerai par les cheveux et les arracherai de cet autel.

DÉMONÈS. Touche-les, pour voir.