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ACTE V.


SCÈNE I. - LABRAX.


Y a-t-il au monde un mortel plus malheureux que moi ? Pleusidippe vient de me faire condamner au tribunal ; on m’enlève Palestra : je suis ruiné ! On croirait vraiment que nous autres entremetteurs nous sommes les enfants de la joie, tant tout le monde se réjouit quand il arrive mésaventure à l’un de nous. Mais je vais retrouver dans le temple de Vénus cette autre fille qui est à moi ; que je l’emmène au moins, c’est tout ce qui me reste de ma fortune.


SCÈNE II. — GRIPUS, LABRAX.


GRIPUS, aux gens de la maison. Ah ! ma foi, vous ne verrez pas Gripus en vie jusqu’à ce soir, si on ne me rend la valise.

LABRAX. Je succombe ! chaque fois que j’entends parler de valise, c’est un coup de massue que je reçois dans la poitrine.

GRIPUS. Ce coquin-là est libre, et moi qui ai pris la valise dans mon filet et qui l’ai sortie de la mer, vous ne voulez rien me donner ?

LABRAX. Grands dieux, voilà des paroles qui me font dresser les oreilles.

GRIPUS. Je poserai, ma foi, des affiches avec des lettres longues d’une coudée : « Si quelqu’un a perdu une valise où il y a beaucoup d’or et d’argent, qu’il vienne la réclamer à Gripus. » Vous avez beau prétendre, vous ne l’aurez pas.

LABRAX. Par Hercule, il sait qui est celui qui a ma valise, à ce que je vois. Il faut l’aborder. Dieux, venez-moi en aide, de grâce.

GRIPUS, à quelqu’un de la maison. Pourquoi m’appelles-tu ? Je veux nettoyer cette broche ici, devant la porte, car elle est, ma foi, plutôt de rouille que de fer ; plus je la frotte, plus elle devient rouge, et si mince ! Cette broche-là est une fleur de printemps, elle s’en va dans vos mains.

LABRAX. Bonjour, l’ami.

GRIPUS. Que les dieux vous bénissent avec votre longue perruque.