LYSIMAQUE. Quelle faute ? C’est…
DORIPPE. C’est ?…
LYSIMAQUE. C’est…
DORIPPE. Ah !
LYSIMAQUE. Si je n’y étais pas forcé, je ne le dirais pas.
DORIPPE. Vous ne savez pas qui elle est ?
LYSIMAQUE. Si fait, je le sais : j’ai été son juge.
DORIPPE. Son juge ! Ah ! je vois, vous l’avez fait venir chez vous en consultation.
LYSIMAQUE. Non, mais on me l’a donnée en dépôt.
DORIPPE. Je comprends.
LYSIMAQUE. Par Hercule, il n’y a rien de ce que tu crois.
DORIPPE. Vous êtes bien prompt à vous justifier.
LYSIMAQUE, à part. La fâcheuse affaire ! je ne sais où j’en suis.
SCÈNE IV. — LE CUISINIER, LYSIMAQUE, DORIPPE, SYRA.
LE CUISINIER, à ses marmitons. Allons, qu’on se dépêche ; j’ai un dîner à faire pour un vieux galant ; mais ma foi, quand j’y pense, nous allons apprêter à manger pour nous plutôt que pour celui qui nous a loués. Si l’amoureux a l’objet de sa flamme, il n’a pas besoin de nourriture : regards, embrassades, baisers, doux propos, lui en tiennent lieu. Aussi je suis sûr que nous retournerons chez nous bien remplis. Par ici ; eh ! voilà le barbon qui nous a retenus.
LYSIMAQUE. Ah ! c’est fait de moi, le cuisinier !
LE CUISINIER. Nous voici.
LYSIMAQUE. Va-t’en.
LE CUISINIER. Comment ! que je m’en aille ?
LYSIMAQUE. St ! Va-t’en.
LE CUISINIER. M’en aller ?
LYSIMAQUE. Va-t’en.
LE CUISINIER. Vous ne dînez pas ?
LYSIMAQUE. Nous sommes rassasiés !… Ah ! je meurs.
DORIPPE. Eh bien, est-ce encore un envoi de ceux dont vous avez jugé l’affaire ?
LE CUISINIER. C’est là cette maîtresse pour qui vous me contiez tantôt votre amour en faisant les provisions ?
LYSIMAQUE. Te tairas-tu ?
LE CUISINIER. Un beau brin de femme ; par ma foi, elle en tient pour l’homme.