Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/38

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LYSIMAQUE. Va te faire pendre.

LE CUISINIER. Elle n’est pas désagréable.

LYSIMAQUE. Mais tu l’es, toi.

LE CUISINIER. Eh ! c’est une assez gentille camarade de lit.

LYSIMAQUE. Partiras-tu ? Ce n’est pas moi qui t’ai retenu tantôt.

LE CUISINIER. Qu’est-ce à dire ? C’est bien vous, par Hercule, vous-même.

LYSIMAQUE. Suis-je assez malheureux ?

LE CUISINIER. Votre femme est à la campagne ; vous m’avez dit que vous la détestiez comme une vipère.

LYSIMAQUE. Moi je t’ai dit cela ?

LE CUISINIER. Oui, ma foi.

LYSIMAQUE. Jupiter me protége, femme, aussi vrai que je ne l’ai jamais dit.

DORIPPE. Vous niez ?

LE CUISINIER. Ce n’est pas vous qu’il disait détester, mais su femme.

DORIPPE. Il n’est que trop clair que vous me haïssez.

LYSIMAQUE. Je soutiens que non.

LE CUISINIER. Et il racontait que sa femme était à la campagne.

LYSIMAQUE. La voici. Pourquoi m’ennuies-tu ?

LE CUISINIER. Parce que vous dites que vous ne me connaissez pas. Si vous n’avez pas peur d’elle…

LYSIMAQUE. Je fais bien, car je l’aime chèrement.

LE CUISINIER. Voulez-vous m’essayer ?

LYSIMAQUE Non.

LE CUISINIER. Alors payez-moi.

LYSIMAQUE. Viens réclamer demain, on te payera ; mais à présent, décampe.

DORIPPE. Oh ! malheureuse !

LYSIMAQUE. Je reconnais aujourd’hui la vérité du vieux proverbe : Qui a mauvais voisin a chagrin.

LE CUISINIER. Que faisons-nous là ? partons… S’il vous arrive du désagrément, ce n’est pas ma faute.

LYSIMAQUE. Eh ! tu me perds sans ressource.

LE CUISINIER. Je sais ce que vous désirez ; vous voulez que je m’en aille.

LYSIMAQUE. Oui, je le veux.

LE CUISINIER. On s’en ira. Donnez une drachme.

LYSIMAQUE. On la donnera.