Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/401

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PAMPHILIPPE. Mais on serait fâché là-bas, maintenant qu’on s’est mis en frais pour moi.

GÉLASIME. Vous vous excuserez sans peine. Écoutez-moi, faites faire à souper chez vous.

ÉPIGNOME. Je ne lui conseille pas, pour ma part, de manquer de parole.

GÉLASIME. Allez donc ! si vous croyez que je ne vois pas vos finesses ! (A Pamphilippe.) Prenez garde au moins ; voilà un homme qui convoite votre héritage ; c’est un loup affamé. Ne savez-vous pas comme on assomme le monde ici, la nuit, dans la rue ?

PAMPHILIPPE. Je ferai venir au-devant de moi quelques esclaves de plus, pour me défendre.

ÉPIGNOME, à Gélasime. Il n’ira pas, il n’ira pas, puisque tu lui conseilles si fortement de ne pas sortir.

GÉLASIME. Faites vitement faire à souper chez vous, pour vous, votre femme et moi. Si vous m’écoutez, vous verrez, j’en suis sûr, que je ne vous ai pas trompé.

PAMPHILIPPE. Si tu comptes sur ce souper-là, tu peux fort bien te serrer le ventre aujourd’hui, Gélasime.

GÉLASIME. Vous irez en ville ?

PAMPHILIPPE. Chez mon frère, à deux pas.

GÉLASIME. C’est décidé ?

PAMPHILIPPE. Oui.

GÉLASIME. Je voudrais vous voir attraper un bon coup de pierre.

PAMPHILIPPE. Je n’ai pas peur, je passerai par le jardin, sans mettre le nez dans la rue.

ÉPIGNOME. Eh bien, Gélasime ?

GÉLASIME. Vous recevez des orateurs, vous ; gardez-les.

ÉPIGNOME. Mais, ma foi, cela te regarde !

GÉLASIME. Si cela me regarde, vous pouvez user de moi, parlez.

ÉPIGNOME. Ma foi, je vois encore une place où l’on pourrait te mettre à table tout seul.

PAMPHILIPPE. Alors j’en suis d’avis.

GÉLASIME, à Pamphilippe. O lumière de la cité !

ÉPIGNOME. Si toutefois tu veux être à l’étroit.

GÉLASIME. Quand ce serait entre des coins de fer. S’il y a place pour un petit chien, ce sera assez pour moi.

ÉPIGNOME. Je m’arrangerai pour obtenir cela. Viens.

GÉLASIME. Ici ?