va-t-elle ? J’avais chargé Stichus de lui faire des compliments et de lui dire que j’arriverais aujourd’hui, pour qu’elle apprêtât le souper de bonne heure. Mais voici Stichus en personne.
STICHUS, sortant de chez Épignome avec une cruche. Vous êtes gentil, mon maître, d’avoir fait ce cadeau à notre esclave Stichus… Dieux immortels, que de jouissances je porte là ! Que de ris, de jeux, de baisers, de danses, de caresses, de mignonnes avances !
SAGARINUS. Stichus !
STICHUS. Hé !
SAGARINUS. Comment va ?
STICHUS. Hourra, mon charmant Sagarinus ! J’apporte pour toi et pour moi un convive, Bacchus. Le souper est ma foi convenu et on nous a laissé chez vous la place libre, car il y a chez nous un repas. Votre maître y soupe avec sa femme et avec Antiphon. Notre maitre y est aussi, et voici le présent qu’on m’a fait.
SAGARINUS. Qui a songé à de l’argent ?
STICHUS. Que t’importe ? Va vitement au bain.
SAGARINUS. J’en sors.
STICHUS. C’est parfait. Suis-moi donc.
SAGARINUS. Je te suis.
STICHUS. Je veux qu’on s’humecte aujourd’hui ; mets de côté les coutumes étrangères et soyons habitants d’Athènes[1]. Viens.
SAGARINUS. Je te suis ; ce commencement est de mon goût pour ma rentrée à la maison. C’est une heureuse et joyeuse étrenne qui s’offre à moi. (Ils entrent.)
SCÈNE III. — STÉPHANIE, venant de chez Épignome.
Ne soyez pas surpris, spectateurs, si vous me voyez sortir d’ici, quand je demeure là (elle montre la maison de Pamphilippe) : je vais vous dire le pourquoi. On est venu tantôt me chercher chez nous, quand on a su que les deux maris allaient arriver. Nous nous empressons tous, nous sommes occupés à dresser les lits, à préparer le service. Cependant parmi tout ce tracas je n’ai pas oublié de faire cuire le souper de Stichus et de mon camarade Sagarinus. Stichus a été aux provisions ; j’ai chargé quelqu’un de leur cuisine. Maintenant je m’en retourne pour accueillir mes amis à leur arrivée. (Elle entre chez Pamphilippe.)
- ↑ Les Romains reprochaient aux Grecs leur intempérance.