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SCÈNE IV. — SAGARINUS, STICHUS.


SAGARINUS. Allons, en avant la procession ; je te fais intendant de la cruche, Stichus. Il faut que notre gala s’achève dans toutes les règles.

STICHUS. Les dieux me protégent ! nous serons traités d’une façon charmante, puisque c’est ici que se fait la réception. Passe qui voudra, je veux l’inviter à boire.

SAGARINUS. D’accord, pourvu, ma foi, que chacun vienne avec son vin ; car pour les bonnes choses que nous avons ici, nul n’en tâtera que nous. Servons-nous sans façon nous-mêmes ; voilà un menu qui répond assez à nos moyens : des noix, des fèves, des figues, des olives dans une écuelle, une purée de lentilles. C’est assez : une modeste dépense convient mieux à l’esclave que la profusion. Chacun sa mesure : ceux qui ont de quoi boivent dans de grandes tasses, de larges verres, des coupes d’or ; nous, dans nos petits gobelets de Samos. Et pourtant on vit, on fait ce qu’il faut, selon ses ressources. De quel côté nous mettrons-nous chacun auprès de notre belle ?

STICHUS. Eh bien, je te laisse le haut bout. Et, pour que tu le saches bien, je partage avec toi. Vois quel emploi tu as envie de prendre, et prends-le.

SAGARINUS. De quel emploi s’agit-il ?

STICHUS. Aimes-tu mieux le département des fontaines ou celui de Bacchus ?

SAGARINUS. De Bacchus, assurément. Mais tandis que ta belle et la mienne est à sa toilette et s’attife, il me semble que nous pouvons nous amuser entre nous : je te nomme préfet du festin.

STICHUS. Une excellente idée qui me vient. Mettons-nous à table sur des chaises au lieu de lits, comme les cyniques.

SAGARINUS. Non pas, non pas, on est plus mollement comme cela. Mais en attendant, notre préfet, pourquoi la cruche chôme-t-elle ? Vois combien de cyathes nous buvons.

STICHUS. Autant que tu as de doigts à la main.

SAGARINUS. C’est une chanson grecque :

Trois ou cinq coups.
Mais jamais quatre.


Je prends en ton honneur une rasade. Pour toi, voici la fontaine, si tu es raisonnable. (Aux spectateurs.) A votre santé, à la nôtre, à la tienne, à la mienne, à celle de notre Stéphanie.