pas, ma foi ! je n’en ai garde ; je suis bien certain qu’il mangerait jusqu’à la cachette. Je n’ose même l’ouvrir, de peur qu’il n’entende le bruit, ou qu’il ne découvre le mystère, si je parle de donner une dot.
MÉGARONIDE. Que faire alors ?
CALLICLÈS. On pourrait retirer l’argent tout doucettement, et en attendant pour cela un moment convenable, j’emprunterais à un ami.
MÉGARONIDE. Trouvera-t-on un ami qui veuille prêter ?
CALLICLÈS. Cela se peut.
MÉGARONIDE. Chansons ! ce que vous trouverez sans peine, c’est cette belle réponse : « Sur ma foi, je n’ai pas une obole à prêter. »
CALLICLÈS. Hum ! j’aimerais mieux qu’ils disent vrai que de recevoir leur argent.
MÉGARONIDE. Mais une idée ! voyez si elle vous plaît.
CALLICLÈS. Quelle idée ?
MÉGARONIDE. Je crois que je viens de trouver une idée excellente.
CALLICLÈS. Qu’est-ce ?
MÉGARONIDE. Louons au plus vite un homme qui se fera passer pour étranger.
CALLICLÈS. Et après ? qu’est-ce qu’il fera ?
MÉGARONIDE. Qu’il soit déguisé en étranger, à s’y méprendre ; un visage inconnu, qu’on n’ait pas vu trop souvent ; un hâbleur, qui ait de l’aplomb.
CALLICLÈS. Ensuite ?
MÉGARONIDE. Il sera censé venir de Séleucie et apporter au jeune homme les compliments de son père ; il racontera que les affaires du vieillard vont bien, qu’il est plein de santé et de vie, qu’il reviendra d’un jour à l’autre. Il aura deux lettres, nous les écrirons comme si c’était le père ; il en laissera une à Lesbonicus et dira qu’il veut vous remettre l’autre.
CALLICLÈS. Continuez.
MÉGARONIDE. Il ajoutera qu’il apporte de l’argent pour doter la jeune fille, et que le père lui a recommandé de le déposer en vos mains. Y êtes-vous ?
CALLICLÈS. A peu près ; c’est plaisir de vous entendre.
MÉGARONIDE. Et puis vous ne verserez la somme au jeune homme qu’après le mariage de la fille.
CALLICLÈS. C’est plein d’esprit, ma foi.
MÉGARONIDE. Comme cela vous pourrez déterrer le trésor