Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/438

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bonne chance je te souhaite ; mais jamais je ne serai ton ami à d’autres conditions. J’y suis bien résolu. (Il sort.)

STASIME. Il est parti, ma foi. M’écoutez-vous, Lysitélès ? j’ai deux mots à vous dire. (Lesbonicus sort.) Bon, l’autre lève le pied à son tour. Stasime, tu restes seul. Que faire maintenant ? je n’ai qu’à boucler le sac et charger mon dos du bouclier, et puis dire qu’on mette des semelles à mes souliers : il n’y a pas à barguigner. Je vois qu’avant peu je serai valet de soldat ; mon maître ira s’engraisser chez quelque potentat. Je me doute que parmi les plus braves guerriers cela fera un agile fuyard, et qu’il amassera du butin.... celui qui se rencontrera avec mon maître. Et moi, quand j’aurai l’arc à la main, le carquois, les flèches, le casque en tête je dormirai bien tranquillement sous la tente. Allons sur la place ; j’ai prêté il y a cinq jours un talent ; je le réclamerai, afin d’avoir quelque chose pour ma route.


SCÈNE III. — MÉGARONIDE, CALLICLÈS.


MÉGARONIDE. D’après ce que vous me dites, Calliclès, on ne peut faire autrement que de donner une dot à la jeune fille.

CALLICLÈS. Ma foi, il ne serait guère honnête à moi de la laisser se marier sans dot, quand j’ai sa fortune dans mes mains.

MÉGARONIDE. Vous avez la dot toute prête, si vous ne préférez que son frère la marie sans argent ; après cela vous iriez trouver Philton pour lui dire que vous donnez une dot, et que ce que vous en faites est par amitié pour le père. Mais je crains que cette offre ne vous fasse mal voir et mépriser du monde. On dirait que vous ne dotez pas pour rien la jeune fille, que le père vous avait versé de l’argent pour le lui remettre, que c’est là-dessus que vous prenez, mais que vous ne prenez pas tout et que vous en avez escamoté une partie. Après cela, si vous voulez attendre le retour de Charmide, ce sera bien long ; notre épouseur changera de visée, et c’est le plus beau parti de la ville.

CALLICLÈS. Je réfléchis bien à tout cela.

MÉGARONIDE. Voyez s’il ne vous semble pas mieux et plus à propos que j’aille trouver Lesbonicus et que je le mette au courant.

CALLICLÈS. Moi, découvrir ce trésor à un jeune homme sans frein, qui ne respire que l’amour et le plaisir ! Non pas, non