Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/487

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ASTAPHIE. Pas pour un zeste. Mais quels beaux coups elle fait là-dedans !

DINARQUE. Comment ! y a-t-il donc un nouvel amoureux ?

ASTAPHIE. Elle a mis la main sur un gros trésor encore intact.

DINARQUE. Qui est-ce ?

ASTAPHIE. Je vais vous le dire, mais soyez discret. Vous connaissez le voisin Strabax ?

DINARQUE. Assurément.

ASTAPHIE. Eh bien, à lui seul, il est tout pour nous ; c’est notre vache à lait. Il gaspille gaiement son argent.

DINARQUE. Hélas ! je me suis perdu de même.

ASTAPHIE. Vous êtes fou, de rabâcher sur le passé. Thétis aussi s’est lamentée et a pleuré son fils.

DINARQUE. Et maintenant vous ne me recevrez pas chez vous ?

ASTAPHIE. Pourquoi vous plutôt que le militaire ?

DINARQUE. Parce que j’ai donné plus que lui.

ASTAPHIE. On vous a reçu aussi plus que lui, du temps que vous donniez. Souffrez que ceux qui nous font du bien soient ! bien traités de nous à leur tour. Vous avez appris à lire, vous savez, laissez apprendre les autres.

DINARQUE. Qu’ils apprennent, pourvu que je puisse m’exercer et voir si je n’ai pas oublié.

ASTAPHIE. Mais, cher maître, du temps que vous repasserez votre leçon, elle veut aussi repasser la sienne.

DINARQUE. Comment cela ?

ASTAPHIE. En recevant de temps en temps quelque cadeau.

DINARQUE. Eh ! j’ai fait porter aujourd’hui chez elle cinq mines d’argent, et avec cela des provisions pour une mine.

ASTAPHIE. Je sais, on nous a remis tout cela. Aussi, grâce à vous, nous nous régalons.

DINARQUE. Et mes ennemis mangeraient mon bien avec vous ? J’aimerais mieux mourir, ma foi, que de l’endurer.

ASTAPHIE. Vous êtes fou.

DINARQUE. Pourquoi ?

ASTAPHIE. Attendez.

DINARQUE. Qu’est-ce enfin ?

ASTAPHIE. J’aimerais mieux faire envie à mes ennemis que de les envier. Être jaloux du bonheur d’autrui parce qu’on est malheureux soi-même, c’est un triste lot. Les envieux pâtissent, les enviés jouissent.