Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/82

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PLEUSIDE. Ce qui vous agrée peut-il me déplaire ? Ai-je personne de plus dévoué que toi ?

PÉRIPLECTOMÈNE. C’est là parler comme il convient.

PALESTRION. Il parle comme il doit.

PLEUSIDE. Mais il y a une chose qui me rend malheureux, qui me déchire le cœur et l’âme.

PÉRIPLECTOMÈNE. Qu’est-ce qui vous tourmente ainsi ? parlez.

PLEUSIDE. C’est de proposer à un homme de votre âge des tours de jeune homme, qui ne siéent ni à vous, ni à vos vertus ; de vous voir, à ma considération, y aller ainsi de tout cœur, prêter les mains à un amoureux, faire pour moi, enfin, ce que ceux de votre âge évitent, bien loin de le rechercher. Je suis honteux d’engager votre vieillesse dans tant de tracas.

PÉRIPLECTOMÈNE. Vous êtes, mon cher enfant, un amoureux d’une espèce nouvelle ; si vous avez de la honte, vous n’aimez pas ; vous êtes un fantôme d’amant, mais non un amant véritable.

PLEUSIDE. Mais vous donner tant de mal, à l’âge où vous êtes !

PÉRIPLECTOMÈNE. Que dites-vous ? ai-je donc l’air d’un échappé de l’Achéron, d’un homme près d’entrer au cercueil ? Trouvez-vous que j’aie vécu si longtemps ? Je n’ai pourtant pas plus de cinquante-quatre ans ; j’ai l’œil vif, la main leste, le pied agile.

PALESTRION. Il a beau avoir les cheveux blancs, il n’est pas vieux de caractère. Il a conservé dans toute sa fraicheur son aimable naturel.

PLEUSIDE. Tu as raison, Palestrion, je le vois assez, car sa bonté est celle de la jeunesse.

PÉRIPLECTOMÈNE. Oui, mon hôte, plus vous me mettrez à l’épreuve, et plus vous reconnaîtrez mon zèle à servir vos amours.

PLEUSIDE. Qu’ai-je besoin d’apprendre ce que je sais déjà ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Je veux que vous en ayez la preuve par vous-même, sans la chercher ailleurs. Quand on n’a pas été soi-même amoureux, on ne se fait guère au caractère des amants. J’ai encore en moi tant soit peu de séve et de dispositions galantes, je ne suis pas encore desséché ni indifférent à l’agrément et au plaisir. Je puis me montrer aussi un gai diseur, un joyeux convive ; à table, je ne coupe la parole à personne. Je sais m’empêcher d’ennuyer les autres convives, entrer pour ma part dans la conversation, et me taire quand c’est à un autre de parler. Point de toux, point de crachat, point de roupie au