on ne trouverait pas deux filles plus faites que les miennes pour cette intrigue. Sois tranquille.
PALESTRION. Alors il faut s’y mettre, et vivement. Maintenant, vous, Pleuside, écoutez.
PLEUSIDE. Je suis prêt à obéir.
PALESTRION. Voici. Quand le militaire viendra à la maison, n’allez pas lâcher le nom de Philocomasie.
PLEUSIDE. Quel nom faudra-t-il dire ?
PALESTRION. Glycère.
PLEUSIDE. Oui, celui dont nous sommes convenus tout à l’heure ?
PALESTRION. C’est bien, allez.
PLEUSIDE. J’y prendrai garde ; mais à quoi bon cette précaution ?
PALESTRION. Je vous le dirai quand ce sera nécessaire ; en attendant, motus ! Voilà Périplectomène dans son rôle, soyez aussi dans le vôtre.
PLEUSIDE. Je rentre donc.
PALESTRION. Et suivez de point en point mes instructions.
SCÈNE II. — PALESTRION, LUCRION.
PALESTRION. Comme je mets tout sens dessus dessous ! que de machines je fais jouer ! J’enlèverai aujourd’hui au militaire sa maîtresse, pour peu que j’aie enrôlé de bonnes troupes. Mais appelons ce garnement : hé ! Scélèdre, si tu n’es pas occupé, viens ici devant la maison ; c’est Palestrion qui t’appelle.
LUCRION. Il n’a pas le temps.
PALESTRION. Pourquoi ?
LUCRION. Il avale en dormant.
PALESTRION. Comment il avale ?
LUCRION. Je veux dire qu’il ronfle. Mais cela se ressemble tant, ronfler et avaler !
PALESTRION. Comment ! il est chez nous à dormir ?
LUCRION. Avec son nez, qui fait grand bruit. Il a bu un coup en cachette. En bon sommelier, il s’est entonné une bouteille de vin de nard.
PALESTRION. Et toi, coquin, tu as fait le sommelier en second, n’est-ce pas ?
LUCRION. Que désirez-vous ?
PALESTRION. Comment s’est-il mis à dormir ?
LUCRION. En fermant les yeux, je pense.