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PLINE.

de Saturne, participe de la nature de l’un et de l’autre, et est salutaire. 6Suit le soleil ; son orbite est, il est vrai, de 360 degrés ; mais pour que l’ombre qu’il projette revienne au point qui a été marqué au départ, il faut ajouter à l’année, outre les cinq jours, un quart en sus : c’est en raison de ce quart que tous les cinq ans on place un jour intercalaire, afin que l’ordre des saisons soit conforme à la marche du soleil.

7 Au-dessous du soleil tourne une grande planète appelée Vénus, qui a un mouvement alternatif, et qui, par ses surnoms, est la rivale du soleil et de la lune. Car, prévenant l’aurore et paraissant dès le matin, elle reçoit le nom de Lucifer, et, comme un autre soleil, hâte l’arrivée du jour ; d’autre part, brillant après le soir, elle est appelée Hespérus, prolonge la durée du jour, et remplace la lune. Pythagore de Samos est le premier qui ait reconnu cette particularité vers la 42e olympiade, qui répond à la 142e année de Rome (11) : 8par sa grandeur elle dépasse tous les autres astres, et l’éclat en est tel, qu’elle est la seule des étoiles qui produise de l’ombre ; aussi lui a-t-on à l’envi donné des noms, appelée par les uns Junon, par les autres Isis, par d’autres Mère des dieux. 9C’est par son influence que tout s’engendre sur la terre : répandant, à son lever du matin comme à son lever du soir, une rosée féconde, non seulement elle fertilise la terre, mais encore elle stimule la fécondation des animaux. Elle parcourt le zodiaque en 348 jours, et ne s’écarte jamais du soleil de plus de 46 degrés, suivant Timée.

10 Semblable par la marche, mais non par la grandeur ou par l’influence, Mercure, appelé par quelques-uns Apollon, vient après Vénus, et parcourt un cercle inférieur dans une révolution plus courte de neuf jours ; il brille tantôt avant le lever du soleil, tantôt après le coucher, et ne s’en éloigne jamais de plus de 23 degrés, comme l’enseignent le même Timée (11*) et Sosigène. 11Aussi la théorie de ces deux planètes est spéciale, et n’a rien de commun avec celle des planètes précédentes ; car ces dernières s’éloignent du soleil de quart et même du tiers du ciel, et souvent on les voit en opposition. Au reste, toutes les planètes ont de plus grandes révolutions, dont il doit être traité dans la théorie de la grande année.

12(IX.) Mais le plus admirable de tous est l’astre dont il me reste à parler, celui qui est le plus familier aux habitants de la terre, celui que la nature a créé pour remédier aux ténèbres, la lune. Elle a mis à la torture, par sa révolution compliquée, l’esprit de ceux qui la contemplaient, et qui s’indignaient d’ignorer le plus l’astre le plus voisin. Croissant toujours ou décroissant, tantôt recourbée en arc, tantôt divisée par moitié, tantôt arrondie en cercle lumineux ; pleine de taches, puis brillant d’un éclat subit ; immense dans la plénitude de son disque, et tout à coup disparaissant ; tantôt veillant toute la nuit, tantôt paresseuse, et aidant pendant une partie de la journée la lumière du soleil ; s’éclipsant, et cependant visible dans l’éclipse ; puis invisible à la fin du mois, sans toutefois être éclipsée. 13Ce n’est pas tout : tantôt elle s’abaisse et tantôt elle s’élève, sans uniformité même en cela, car parfois elle touche au ciel, parfois aux montagnes, parfois au haut dans le nord, parfois au bas dans le midi. Le premier qui reconnut ces différents mouvements fut Endymion ; et aussi dit-on qu’il