Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/412

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ouvrages en or, et, entre autres, des feuilles d’arbres, un platane, une vigne, victoires qui lui valurent aussi cinq cent mille talents d’argent et la coupe de Sémiramis, dont le poids était de quinze talents : or, d’après Varron, le talent égyptien pèse quatre-vingts livres. Déjà avait régné dans la Colchide le descendant d’Aetès, Salaucès, qui, ayant trouvé une terre vierge, en retira, dit-on, une grande quantité d’or et d’argent, dans la contrée des Suanes : cette Colchide est d’ailleurs célèbre par ses toisons d’or. On parle encore des chambres d’or, des poutres d’argent, des colonnes, des pilastres du même métal, qu’il posséda après la défaite de Sésostris, roi d’Égypte ; Sésostris si orgueilleux, que tous les ans, dit-on, il attelait à son char, parmi les rois qu’il avait soumis, celui que le sort avait désigné, et se faisait ainsi traîner en triomphe.

XVI. Et nous aussi nous avons fait des choses que la postérité regardera comme fabuleuses. César, alors édile et depuis dictateur, donnant des jeux funèbres en l’honneur de son père, fut le premier qui n’admit que l’argent pour le service de l’arène ; et pour la première fois les condamnés aux bêtes combattirent avec des lances d’argent, ce qu’imitent maintenant de simples villes municipales. Aux jeux de C. Antonius, toute la décoration du théâtre fut d’argent. Lucius Muréna en fit autant. L’empereur Caligula fit paraître dans le cirque un échafaud chargé de cent vingt-quatre mille livres pesant d’argent. Claude, son successeur, triomphant de la Bretagne, indiqua par les inscriptions, parmi les couronnes d’or, une de sept cents livres fournie par l’Espagne citérieure, et une de neuf cents fournie par la Gaule chevelue. Néron, qui le suivit, fit revêtir d’or le théâtre de Pompée pour un seul jour, celui où il le montra à Tiridate, roi d’Arménie. Et qu’était-ce que ce théâtre, comparé à la maison d’or (XXXVI, 24, 8) dans laquelle il avait comme enclos la ville de Rome ?

XVII. Sous le consulat de Sextus Julius et de Lucius Aurélius (an de Rome 597), sept ans avant la troisième guerre punique, il y avait dans le trésor du peuple romain seize mille huit cent dix livres d’or, vingt-deux mille soixante-dix livres d’argent, et en espèces 10, 285, 400 sesterces. Sous le consulat de Sextus Julius et de Lucius Marcius, c’est-à-dire au commencement de la guerre sociale (II, 85), ily avait un million six cent vingt mille huit cent vingt-neuf livres pesant d’or. César, lors de sa première entrée dans Rome, pendant la guerre civile qui porte son nom, tira du trésor public quinze mille livres en lingots d’or, trente-cinq mille en lingots d’argent, et en numéraire quarante millions de sesterces. Jamais l’Etat ne fut plus riche. Paul Emile, après la défaite du roi Persée, versa au trésor public, du produit du butin fait en Macédoine, deux cent trente millions de sesterces. C’est depuis cette époque que le peuple romain a cessé de payer l’impôt.

XVIII. Les lambris dorés que l’on voit maintenant, même dans les maisons particulières, furent vus pour la première fois dans le Capitole après la destruction de Carthage, pendant la censure de Lucius Mummius (an de Rome 612). De là ce luxe a gagné les voûtes et les murailles mêmes, que de nos jours on dore comme des vases : grande différence avec le siècle où Catulus (XIX, 6) ne fut pas, à beaucoup près, unanimement approuvé d’avoir doré les tuiles d’airain du Capitole (46).

XIX. Nous avons nommé, dans le septième li-