Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/488

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même peintre129 on attribue des quadrupèdes. Il a très heureusement représenté les chiens. C’est ce Nicias au sujet de qui Praxitèle, interrogé lesquels de ses marbres lui plaisaient le plus, répondit : « Ceux où Nicias a mis la main, » tant il estimait son vernis. On ne sait trop si c’est celui-ci, ou un autre de même nom, qu’on place dans la cent douzième olympiade.

9 On compare, on préfère même jusque un certain point à Nicias Athénion de Maronée (IV, 18, 3), élève de Glaucion de Corinthe. Son coloris était plus austère, et, avec cette austérité, plus agréable ; en sorte qu’on voit par sa peinture combien il était savant dans son art. Il peignit, dans le temple d’Éleusis, Phylarque ; à Athènes, une assemblée de famille qu’on nomme Syngénicon ; un Achille déguisé en fille et reconnu par Ulysse, tableau à six personnages ; et, ce qui a le plus contribué à sa célébrité, un palefrenier avec un cheval. S’il n’était pas mort jeune, nul ne lui serait comparable.

10 Le Macédonien Héraclide a aussi un nom. D’abord il peignit des vaisseaux ; il se retira, le roi Perse avant été pris, à Athènes, où était à la même époque Métrodore, à la fois peintre et philosophe, et très-renommé dans la peinture et la philosophie. Le vainqueur de Persée, Paul-Émile, ayant demandé aux Athéniens de lui envoyer le philosophe le plus estimé pour l’éducation de ses enfants, et un peintre pour peindre son triomphe, ils choisirent Métrodore, déclarant qu’il était éminemment propre à remplir cette double tâche, ce que Paul-Émile trouva effectivement. 11 Timomaque de Byzance, du temps de César, peignit un Ajax et une Médée, qui ont été placés par le dictateur dans le temple de Vénus Génitrix, et payés 80 talents (393,600 fr.) (M. Varron évalue le talent attique à 6,000 deniers). On vante encore de Timomaque Oreste, Iphigénie en Tauride, Lecythion, maître de voltige ; une famille noble ; deux hommes en manteau, se disposant à parler, l’un debout, l’autre assis. Cependant c’est dans sa Gorgone que l’art paraît l’avoir particulièrement favorisé.

12 Aristolaüs, fils130 et disciple de Pausias, fut au nombre des peintres les plus sévères. On a de lui : Épaminondas, Périclès, Médée, la Vertu, Thésée, l’image du peuple athénien, un sacrifice de bœufs. Il y en a qui estiment aussi Nicophanès131, élève du même Pausias, pour une exactitude sentie des seuls artistes. Du reste, il était dur dans son coloris, et donnait beaucoup dans le jaune (le sil ; XXXIII, 56). Quant à Socrate, ses tableaux plaisent avec raison à tout le monde. Tels sont : Esculape avec ses filles, Hygie, Æglé, Panacée, et Iaso ; et son Paresseux, qu’on appelle Oenos : il fait une corde qu’un âne ronge à mesure.

13 Jusqu’ici j’ai cité les artistes les plus excellents dans l’un ou l’autre genre ; mais je ne pas serai pas sous silence ceux du second rang. Aristoclidès a peint le temple d’Apollon à Delphes. Antiphile est renommé pour un jeune garçon soufflant un feu qui éclaire et l’appartement, d’ailleurs fort beau, et le visage de l’enfant ; pour un atelier de fileuses en laine, où des femmes se hâtent toutes d’achever leur tâche ; pour une chasse du roi Ptolémée, mais surtout pour un très-beau Satyre couvert d’une peau de panthère, et qu’on nomme Apescopeuon (épiant); Aristophon, pour Ancée, blessé par le sanglier, et Astypale, compagne de sa douleur ; et pour132