Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/487

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les portiques de Pompée. Il a inventé des artifices de peinture que beaucoup ont imités depuis, et que personne n’a égalés. Le premier, c’est qu’il montra un bœuf dans la longueur, tout en le peignant de face, non de flanc ; et malgré cette situation on reconnaissait très-bien les dimensions de l’animal. Puis, tandis que les autres peintres font en blanc les points qui doivent paraître en saillie, et en noir les parties enfoncées125, il fit, lui, en noir le bœuf tout entier, et sut dans l’ombre même trouver une ombre126. Rare effort de l’art, que de montrer le relief sur une seule teinte, et la solidité du tout avec des parties brisées par le raccourci ! Pausias passa, lui aussi, sa vie à Sicyone ; et cette ville fut longtemps la patrie de la peinture. Dans la suite, tous les tableaux de Sicyone furent vendus publiquement pour le payement des dettes de la cité, et transportés à Rome sous l’édilité (an de Rome 678) de Scaurus (XXXVI, 24, 10).

4 Après lui, dans la cent quatrième olympiade, se distingua par dessus tous les autres Euphranor de l’Isthme, dont nous avons déjà parlé parmi les statuaires (XXXIV, 19, 27). Il a fait et des colosses, et des ouvrages en marbre, et des coupes ; studieux et laborieux plus que personne, excellent dans tous les genres, et constamment égal à lui-même. Il paraît le premier avoir exprimé la dignité dans les héros, et bien entendu la proportion. Cependant, en général128, il a fait les corps trop grêles, les têtes et les articulations trop grosses. Il a aussi composé des traités sur la proportion et sur les couleurs. 5 Ses ouvrages sont : un combat de cavalerie, les douze dieux, un Thésée, au sujet duquel il disait que celui de Parrhasius avait été nourri de roses, le sien de chair. Il y a de lui à Éphèse des tableaux fameux : Ulysse attelant, dans sa folie simulée, un bœuf avec un cheval ; des hommes en manteau, qui réfléchissent ; un capitaine remettant son épée dans le fourreau.

6 Du même temps vivait Cydias. L’orateur Hortensius donna 144,000 sesterces (30,240 fr.) de son tableau des Argonautes, pour lequel il fit construire exprès un bâtiment dans sa terre de Tusculum.

Antidote fut élève d’Euphrator. Il y a de lui à Athènes un combattant armé d’un bouclier, un lutteur et un joueur de flûte, qui est au nombre des ouvrages les plus renommés.

7 Il fut plus exact que fécond. Son coloris était sévère. Sa principale gloire est son élève Nicias, Athénien. Celui-ci peignit très-bien les femmes. Il observa la lumière et les ombres, et s’appliqua surtout à faire ressortir les figures hors du tableau. Ses ouvrages sont : une Némée, apportée d’Asie à Rome par Silanus, et placée, comme nous l’avons dit (XXXV, 10), dans le sénat ; un Bacchus, dans le temple de la Concorde ; un Hyacinthe, qu’Auguste, charmé de ce tableau, rapporta après la prise d’Alexandrie, et qui pour cette raison a été consacré dans son temple par l’empereur Tibère ; enfin, une Diane. À Éphèse est le tombeau de Mégabyse, prêtre de Diane (XXXV, 36, 30) ; à Athènes, la Nécromancie, décrite par Homère (Od., IV).

8 Nicias refusa de vendre ce dernier tableau au roi Attale pour le prix de 60 talents (285,200 fr.); et il aima mieux en faire présent à sa patrie, riche qu’il était. Il a fait de grands tableaux ; de ce nombre : Calypso, Io, Andromède, un très bel Alexandre, qui est dans les portiques de Pompée, et une Calypso assise. À ce