Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/531

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dans les carrières d’Anicius, près du lac de Voisinie. Dans le territoire de Statonia, il en est auquel le feu (167) même ne porte aucune atteinte. Ces mêmes pierres ciselées dans les monuments supportent sans dégradation l’action du temps. On en fait des moules pour la fonte du cuivre. 2 Il y a encore un silex vert, résistant très bien au feu ; mais nulle part il n’est abondant, et là ou on le trouve il se présente sous forme de pierre et non de roche. Parmi les autres, le silex pâle est rarement bon pour les constructions. Globuleux, résistant aux accidents, il ne faut pas y compter dans les bâtisses, à moins qu’il ne soit beaucoup retenu. Le silex des rivières n’offre pas plus de sûreté ; il a toujours un aspect humide.

L

1 Quand on se défie (168) d’une pierre, la précaution à prendre est de l’enlever en été, et de ne l’employer dans les constructions qu’au bout de deux ans, après qu’elle a été faite aux saisons. Celles qui se trouvent avariées s’utilisent dans les fondements ; celles qui ont résisté peuvent s’employer avec confiance, même à découvert.

LI

1 Les Grecs font une espèce de briquetage avec des pierres dures ou des cailloux d’égale dimension. Ce genre de construction est ce qu’ils nomment isodomon. Si les matériaux sont d’inégale dimension, la construction se somme pseudisomodon. Le trosieme genre se nomme emplecton : les parties de montre sont seules égalisées, le reste est construit à l’aventure. Il faut que les pierres chevauchent l’une sur l’autre alternativement, de sorte que le milieu d’une pierre pose sur la ligne d’assemblage de deux autres, et cela dans le plein même du la muraille, si la chose est possible ; sinon sur les deux faces du moins. Quand on remplit le dedans de la muraille de fragments, la bâtisse se nomme diamicton. La construction en losange, très usuelle à Rome, est sujette à se crevasser. Les constructions doivent être faites à l’équerre et au niveau, et être d’aplomb.

LII

XXIII.
Pour la construction des citernes il faut cinq parties de sable pur et graveleux, sur deux parties de la chaux la plus vive, et des fragments de silex pesant au plus une livre. Ainsi établis, on foule le fond et les parois avec des maillets ferrés. Le mieux est d’avoir des ci-ternes doubles, de façon que les impuretés s’arrêtent dans la première, et que, se filtrant, l’eau passe aussi pure que possible dans la seconde.

LIII

1 Caton le Censeur (De re rustic. XXXVIII) n’approuve point la chaux faite de pierres de différentes couleurs. La pierre blanche donne la meilleure. La chaux faite de pierres dures vaut mieux pour les bâtisses ; celle de pierres poreuses, pour les enduits. Pour ces deux emplois on rejette la chaux faite avec la silice. La pierre extraite des carrières fournit de meilleure chaux que celle qu’on prend sur les rives des fleuves. La chaux de la pierre meulière est la meilleure, parce que cette pierre est naturellement plus grasse que les autres. Chose singulière, de voir une substance qui, ayant passé par Ie feu, s’allume dans l’eau!

LIV

1 Il y a trois espèces de sable : le fossile, auquel on doit ajouter un quart de chaux, le fluvial et le marin, auxquels en doit en ajouter un tiers. L’addition d’un tiers de poterie pilée rend le mortier meilleur. De l’Apennin au Pô, on ne trouve pas de sable fossile, non plus qu’au delà des mers.

LV

1 La cause de la ruine de tant d’édifices à Rome, c’est que, par une épargne frauduleuse de chaux, les moellons sont réunis sans ce qui doit les souder. Plus la chaux fusée est vieille, mieux elle vaut. Dans les lois qui réglaient an-