Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/180

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existait dans le Capitole une statue de Jupiter Imperator, rapportée, selon Tite-Live, VI, 29, de Préneste par le dictateur T. Quintius, et selon Cicéron, in Verr., IV, 58, de la Macédoine par Flamininus. Quand les portes du temple s’ouvrirent, le peuple, sans songer à autre chose qu’à saluer le dieu, s’écria : Salve, Imperator. Après l’élévation de Trajan, il ne manqua pas de flatteurs ou de gens superstitieux qui lui appliquèrent ces paroles. Peut-être même, dès le moment où elles furent prononcées, plus d’un Romain, fatigué de la tyrannie de Domitien, détourna-t-il en secret sur le nouveau gouverneur de Germanie la salutation adressée à Jupiter. Tout est oracle pour les malheureux ; et, quand on songe au rôle que jouent dans la religion romaine les présages de toute espèce, on est moins tenté de s’indigner, avec Gesner, qu’un consul osât, en plein sénat, dire sérieusement à l’empereur qu’un hommage destiné au dieu s’adressait réellement à lui. Que, même sous Domitien, quelques personnes, au moins par leurs vœux et leurs pressentiments, appelassent Trajan à l’empire, c’est ce qu’on ne peut révoquer en doute, après avoir lu Tacite, Agric., 44.

7. Quare ego illum ipsum furorem motumque castrensem, etc. Il s’agit ici du camp des prétoriens, situé aux portes de Rome. Cette milice avait vu avec colère le meurtre de Domitien, et elle l’aurait immédiatement vengé, si elle eût trouvé des chefs (Suét., Dom., 23 ; Aurél. Vict., de Cæs., 11). Il s’en présenta enfin, et les soldats, conduits par Élianus Casperius, préfet du prétoire sous Domitien, et qui avait conservé cette charge sous Nerva, assiégèrent ce prince dans son palais, et tuèrent, malgré sa résistance, ou après avoir arraché son consentement, Petronius Secundus et Parthénius, qui avaient pris part à la conjuration contre Domitien. Ils contraignirent même le prince à remercier les soldats devant le peuple, de ce qu’ils avaient ôté la vie aux plus méchants des hommes. Ce fut alors que Nerva, qui voyait sa vieillesse impuissante et méprisée, monta au Capitole et adopta publiquement Trajan (Dion, LXVIII, 3 ; Aur. Vict., Epitom., 12). Celle adoption, comme nous le verrons ch. 8, rétablit aussitôt le calme et rendit les soldats à l’obéissance.

9. Ex adversis secunda nascantur. Lallemsnd a lu noscantur et c’est en effet ce que portent nos quatre expl.