Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

siècle : il a sa part d’un défaut qui se montre, sous des formes diverses, dans la plupart des écrivains du même temps ; je veux dire l’affectation du langage et l’abus de l’esprit. Ses lettres n’ont point la naïveté et les heureuses négligences qu’on aime à trouver dans ces sortes d’écrits : elles manquent de naturel ; un soin mal entendu leur a dérobé leur grâce la plus attrayante. Pline a montré un rare talent pour tirer d’une idée tout ce qu’elle contient d’agréable et d’ingénieux ; mais il n’a pu éviter la contrainte qui accompagne toujours la recherche et le calcul des effets du style. Il possède la finesse de l’esprit et la fécondité de l’imagination : mais on chercherait en vain dans ses ouvrages l’indépendance et l’abandon du génie.

Ce caractère particulier des Lettres de Pline n’ajoutait rien à la difficulté de la traduction. Ce n’est point la subtilité des idées, ce n’est point le tour antithétique des phrases qu’il est difficile de faire passer dans notre langue : elle se prête fort complaisamment à la reproduction de ces traits déliés, qui abondent dans les écrivains du second âge de la littérature romaine. Ils affectent d’enfermer beaucoup de sens en peu de mots : ils visent à la pensée, et les pensées se traduisent. Les écrivains les plus rebelles aux efforts du traducteur sont ceux qui ont prodigué les mots et les longues phrases : car notre langue aime la briéveté, et son génie s’accommode mal de la complication des périodes. C’est ce qui explique pourquoi De Sacy a mieux traduit les Lettres que le Panégyrique. Dans ce dernier ouvrage, le style, plus