Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/19

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plus volontiers qu’on ne copie : l’homme d’un talent supérieur consent difficilement à penser d’après d’autres écrivains qui n’ont pas pensé mieux que lui, et il se dit à lui-même, comme le géomètre de Montesquieu, si je traduis, on ne me traduira pas. Mais après ces siècles brillans, où quelques grands hommes paraissent seuls dans chaque genre et suffisent à la gloire de la littérature, vient ordinairement un autre siècle où le talent d’écrire, moins original et moins éminent sans doute, est bien plus généralement répandu ; où l’observation succède à l’enthousiasme, et l’étude des modèles, à l’ardeur de composer ; où, avec moins de génie, on sait mieux imiter les formes que l’on admire ; où la langue, enfin, assouplie par tant de chefs-d’œuvre, se prête plus aisément à la reproduction des ouvrages étrangers. Ce siècle est le nôtre, et l’art de traduire lui appartient, par un privilége dont il a moins à s’enorgueillir qu’à se justifier.

J’ai suivi le texte de Schæfer. Cependant je n’ai pas cru devoir négliger les notes de Gesner, d’Heusinger et de A. G. Ernesti : elles m’ont fourni plusieurs corrections utiles. Quelquefois aussi, pour conformer le texte latin à la version, j’ai introduit les leçons que De Sacy avait préférées, et d’après lesquelles il avait traduit. Sa traduction parut en 1699 et 1701, sans le texte : ce ne fut qu’en 1750 que J. -P. Miller y joignit le latin ; mais au lieu de rechercher le texte dont De Sacy s’était servi, il en fit imprimer un autre, très-différent dans un assez