Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/30

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sous de Pline le Naturaliste, son oncle, et le traite (ou peu s’en faut) d’écolier.

Serait-ce un préjugé apporté du collége ? Personne n’ignore qu’en un pays où la seule latinité fait le mérite des auteurs, et où l’on étudie bien plus les phrases de Cicéron que ses pensées, Pline doit avoir peu de crédit. L’on ne parlait plus à Rome, sous Trajan, avec la même pureté que sous Auguste.

Mais parce que les censeurs de Voiture lui ont reproché que son savoir était au dessous du médiocre, faudra-t-il le soupçonner d’avoir jugé Pline, ou sans l’entendre, ou sur le rapport de ceux qui ne lui peuvent pardonner de n’avoir pas vécu dans le beau siècle de la langue latine ?

Je suis bien éloigné d’avoir si mauvaise opinion de Voiture. Il ne serait pas permis à un homme qui ne connaîtrait point les anciens, ou qui n’aurait pas eu grande familiarité avec eux, d’user de leurs biens comme il en use, souvent mieux qu’ils n’ont fait eux-mêmes. Tant d’heureuses applications, tant d’agrément répandu dans ses ouvrages, me persuadent aisément que, s’il n’avait pas rapporté du pays des belles-lettres les meilleurs fruits, il y avait au moins cueilli les plus belles fleurs.

Que l’on fasse attention sur son style vif et coupé, sur le peu de paroles où il enchâsse ses idées, sur cet air riant et badin qu’il donne à tout ce qu’il écrit, sur la