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Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/38

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VIE DE PLINE LE JEUNE

se répandaient déjà ; mais arrêtées de temps en temps par quelques héros, comme par de puissantes digues, elles n’inondèrent tout à fait l’empire que sous les règnes suivans.

Il ne faut donc pas s’étonner des soins extraordinaires que l’on eut de cultiver l’esprit de Pline par la connaissance de toute sorte de science, et de former ses mœurs par les leçons de la plus saine philosophie.

Il y apporta des dispositions heureuses, et il y fit bientôt un si grand progrès, qu’à l’âge de quatorze ans, il composa une tragédie grecque.

Dès que le temps de s’appliquer aux études les plus sérieuses fut venu, on le mit entre les mains de Quintilien. C’était le premier professeur d’éloquence de son siècle. Son génie n’avait pas moins de force que de finesse. Son goût était exquis, son érudition profonde ; mais surtout il possédait souverainement cet heureux talent de communiquer ses idées les plus déliées, par des images et par des expressions qui étaient également à la portée des différentes personnes à qui il devait se faire entendre.

Aussi, sans craindre de passer pour vain ni pour téméraire, il osa bien entreprendre un ouvrage sur lequel il ne semblait pas qu’Aristote et Cicéron eussent rien laissé à désirer. Il traça des règles pour l’orateur, qu’il prend soin de former dès le berceau, et le fait avec tant de succès, que son livre est regardé comme l’un des plus précieux trésors que nous tenions de l’antiquité.

Ce fut sous ce grand maître que Pline le Jeune apprit l’art de parler, de persuader et de plaire. Ce fut à ses préceptes qu’il dut ce fameux Panégyrique que tous les siècles ont regardé comme un chef-d’œuvre.