Il crut pourtant devoir entendre aussi Nicète de Smyrne, le plus célèbre rhéteur qui fût alors à Rome. Ensuite on l’envoya en Syrie, où il servit pendant quelques années à la tête d’une légion. Là, tout le temps que son devoir lui laissait, il le donnait aux leçons et aux entretiens d’Euphrate. Ce philosophe, aussi recommandable par l’étendue de ses lumières que par la pureté de ses mœurs, crut dès lors voir dans Pline tout ce qu’il fut dans la suite. Il en fit des pronostics si avantageux, qu’ils ne pouvaient manquer d’être suspects de flatterie, si Pline n’eût pris de bonne heure le soin de les justifier. Pline le naturaliste, son oncle, qui n’avait point d’enfans, fut charmé de trouver dans son neveu toutes les qualités qu’il aurait pu désirer dans un fils, si le ciel lui en eût donné un au gré de ses désirs : il l’adopta.
Une faveur si glorieuse n’éblouit point Pline le Jeune. Il en connut tout le prix, mais aussi il en sentit tout le poids. Persuadé que les grands noms déshonorent ceux qui les traînent, s’il n’oublia rien des plus tendres devoirs que la reconnaissance et le respect demandaient de lui pour son bienfaiteur, il ne négligea rien aussi de ce qui lui parut propre à se rendre digne du bienfait. À la vue de cette haute réputation qu’avait acquise celui dont il prenait le nom, à la vue de tout ce qu’il avait fait pour y arriver, de tout ce qu’il faisait chaque jour pour s’y maintenir, il ne cessait de se reprocher sa paresse et sa langueur, au milieu du travail le plus pénible et le plus assidu. Pline le naturaliste ne semblait pas seulement être devenu son père ; c’était son maître, son modèle, son guide. Pline le Jeune le suivait partout ; il recueillait ses moindres discours, il étudiait toutes ses actions.