Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/44

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heures de suite. Ce prince en fut si charmé, qu’il ne put s’empêcher de le marquer publiquement, par l’inquiétude où il parut qu’un si grand effort n’altérât la santé de Pline. Cette inquiétude alla si loin, qu’il avertit lui-même plusieurs fois un affranchi qui était derrière Pline, de lui dire de ménager ses forces, témoignant ainsi combien le discours lui était agréable, et l’orateur précieux.

Pline eut même la satisfaction que donne le succès. Ceux qu’il accusa furent condamnés. Mais rien ne lui fit tant d’honneur, que ce qu’il entreprit pour venger Helvidius, son ami. C’était le fils de cet illustre Helvidius, le Caton de son siècle, à qui des vertus austères, et une liberté romaine, coûtèrent la vie sous l’empire de Vespasien. Domitien, fils de cet empereur, et l’un des plus cruels princes qui ait jamais été, ne se trouva guère moins importuné de l’innocence des mœurs d’Helvidius le jeune, que Vespasien l’avait été de la haute estime que l’ancien Helvidius s’était acquise. Le jeune Helvidius fut donc condamné à la mort, sur la dénonciation de Certus, et l’on exila toute sa famille.

Quelque temps après, Domitien fut tué. Nerva, son successeur, rappela tous ceux qui avaient été injustement bannis. Sous ce nouveau prince, que le mérite seul avait élevé, la haine publique éclata contre les délateurs dont les calomnies avaient rempli de deuil les plus illustres familles. Ils furent vivement poursuivis par les parens de ceux qu’ils avaient fait périr, et livrés à la sévérité des lois.

Certus seul échappait. Soutenu par de grandes alliances et par de puissans amis, élevé lui-même à la place de préfet du trésor public, et consul désigné pour l’année suivante, il pouvait en sûreté braver le res -