Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/43

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lien[1], le plus grand admirateur que Cicéron ait eu, qu’il voyait de son temps des orateurs comparables aux anciens, et propres à former de dignes successeurs.

L’éloquence, alors vénale, ouvrait une voie sûre aux richesses. Plusieurs y allèrent par cette route avec tant d’ardeur que, pour la modérer, il fallut renouveler les anciens décrets du sénat faits sur ce sujet, et fixer le prix d’un travail qui n’en devrait point avoir.

Ce nouveau décret fut honorable pour Pline. Jamais il n’avait plaidé que pour l’intérêt public, pour ses amis, ou pour ceux à qui leur mauvaise fortune n’en avait point laissé ; et il s’était toujours si religieusement abstenu d’en recevoir les plus légers présens, que ceux qui aimaient à rire, disaient quand le décret parut, les uns, qu’il était devin[2], et qu’il avait prévu le décret ; les autres, qu’on avait voulu arrêter le cours de ses rapines.

Les occasions où il se signala davantage furent contre Bébius Massa, gouverneur de la Bétique, accusé de concussion, et contre qui le sénat le chargea de plaider, du vivant même de Domitien, dont l’accusé avait plus d’une fois servi la cruauté ; contre Cécilius Classicus, gouverneur de la même province, et contre Marius Priscus, gouverneur d’Afrique. Il plaida contre ce dernier, non-seulement en plein sénat, comme dans les deux autres affaires, mais même en présence de l’empereur Trajan, et parla cinq

  1. lîabebunt, qui post nos de oratoribus scribent , magnam eos qui nunc vigent materiam yere laudandi. Sunt enim summa hodie , quibus illustratur forum , ingenia ; namque. et consummati jam patroni veteribus œmulantur, et eos juvenum ad optima tendentium imitatur ne sequitur indastria. QUINTlL. , lib. Instit. Oral. X.
  2. Allusion à la dignité d’augure, dont il était revêtu.