Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/46

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eut rien que l’on ne mît en usage pour l’obliger à se désister de cette poursuite. Mais tout fut inutile ; jusque-là qu’un de ses amis lui ayant remontré que, par cette conduite, il se rendrait redoutable aux empereurs à venir, il eut la fermeté de lui répondre : Tant mieux, pourvu que ce soit aux méchans empereurs. Enfin, son tour de parler vint ; et il parla avec tant de force et tant de véhémence, que si la clémence du nouvel empereur sauva la peine à Certus, sa justice du moins nota l’indignité de ce scélérat par l’exclusion du consulat où il avait été nommé.

On ne peut dire combien cette action augmenta l’estime que l’on avait déjà pour Pline : il n’y eut plus personne à Rome qui ne voulût être ou paraître de ses amis. Les uns aimaient sa fermeté, les autres la craignaient ; tous se sentaient intérieurement forcés de l’admirer. Mais il ne borna pas là les témoignages de son amitié pour Helvidius. Après l’avoir vengé, il s’efforça de l’immortaliser par trois livres où il n’oublia rien de ce qui pouvait rendre un ami recommandable, et qu’il intitula : De la vengeance d’Helvidius.

Son éloquence n’éclata pas seulement à poursuivre le crime, mais aussi à défendre l’innocence. Il plaida pour Julius Bassus, homme qui était célèbre par ses disgrâces, et qu’au retour du gouvernement de Bithynie, les peuples de cette province avaient accusé ; et il sut si bien mettre en jour l’esprit de la loi, que, malgré la rigueur de ses termes, il le fît absoudre.

Il défendit avec un pareil succès Varenus, successeur de Julius Bassus dans ce gouvernement, et qui depuis avait été chargé d’une semblable accusation. Toutes ces causes furent plaidées dans le sénat ; mais Pline ne se fit