Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/47

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pas moins admirer dans les autres tribunaux, et principalement devant les centumvirs. Quoiqu’il ne nous reste aucun de ces plaidoyers, il est aisé pourtant d’en faire un jugement certain, en le réglant sur le Panégyrique de Trajan. Un auteur célèbre, qui vivait dans un temps où l’on conservait encore et ces plaidoyers et le souvenir de leur succès, nous en donne en un mot l’idée la plus haute. Il écrit à un de ses amis, que Pline remporta plus de gloire de son plaidoyer pour Accia Variola, qu’il n’avait fait du Panégyrique de l’empereur Trajan[1] ; c’est en dire assez pour n’y pouvoir rien ajouter.

Ce fut par ces degrés, que bientôt Pline monta jusqu’aux premières charges de l’état : il y porta partout les vertus qui l’y avaient élevé.

Dès le temps de Domitien, il avait été préteur. Ce prince farouche, qui regardait comme une censure délicate l’innocence des mœurs, et comme une révolte déclarée tous les discours qui tendaient à rendre le vice odieux, chassa de Rome et de l’Italie tous les philosophes. Il n’y avait point de sûreté à les assister dans leur retraite. Pline le devait faire beaucoup moins qu’un autre. Sa place l’exposait au grand jour ; et ses moindres démarches étaient importantes, sous un empereur qui ne cherchait que des prétextes pour condamner, et qui souvent s’en passait. Toute la ville était remplie de dénonciateurs. Trois des amis de Pline venaient de périr, Sénécion, Rusticus et Helvidius. Quatre avaient été bannis, Mauricus, Gratilla, Arria, Fannia. Cependant la générosité de Pline pour les philosophes exilés, lui ferme les yeux sur le danger. Il ne se contente pas de les favoriser sous

  1. Sidonius Apollinaris, liv. VI, Lett. à Rusticus.