Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/55

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dans la crainte que les biens qu’il laissait ne fussent pas suffisans pour payer les sommes dues à Pline, il lui écrivit de ne pas faire cet affront à la mémoire de son ami, et, pour la déterminer, lui envoya une quittance générale.

Dans une autre occasion, il donna trois cent mille sesterces à Romanus, pour le mettre en état d’entrer dans l’ordre des chevaliers romains, sans lui demander autre chose, sinon d’user de cette dignité en homme qui se souvenait qu’il ne la pouvait déshonorer sans déshonorer Pline lui-même. Il acheta une ferme cent mille sesterces pour y établir sa nourrice. Il fit présent de cinquante mille sesterces à la fille de Quintilien, lorsqu’elle se maria ; et la lettre polie dont il accompagna son présent, pour ménager la peine que cela pouvait faire à un homme de ce caractère, valut infiniment mieux que le don même.

Mais où sa générosité éclata davantage, ce fut dans un marché qu’il fit avec Corellia. C’était la sœur de Corellius Rufus, qui, après avoir été pendant sa vie l’oracle de Pline, était encore après sa mort l’objet de sa vénération. Elle eut envie d’avoir quelques terres aux environs de Côme. Pline lui offrit à choisir entre plusieurs qu’il y avait, à l’exception de ce qu’il tenait de son père ou de sa mère. Dans cette conjoncture, il recueillit une succession dont les principales terres étaient en ce pays-là : il manda à son affranchi de les vendre à Corellia pour le prix qu’elle voudrait. Elle s’informe de leur valeur ; on lui dit qu’elles valent sept cent mille sesterces ; elle les offre à l’affranchi : il lui en passe la vente, et reçoit l’argent. Peu de temps après, Corellia, mieux instruite du juste prix de ce qu’elle avait acheté de Pline, apprend que ces terres valent neuf cent mille sesterces. Elle le presse avec les dernières instances de recevoir un sup -