plément de cette somme qu’elle lui envoie ; mais Pline le refuse et lui écrit qu’il la supplie de ne pas considérer seulement ce qui est digne d’elle, mais aussi ce qui est digne de lui, et de souffrir que l’extrême soumission qu’il a toujours eue pour ses moindres ordres se démente en cette occasion, par la même raison qui lui sert de principe dans toutes les autres.
Les particuliers ne furent pas les seuls qui se ressentirent de sa libéralité ; le public y eut sa part. Il fit établir des écoles à Côme, sa patrie, et contribua du tiers à fonder les appointemens des maîtres, mais avec tant de désintéressement, qu’il en laissa le choix au suffrage des parens. Il ne borna pas là son bienfait : il y fonda une bibliothèque, avec des pensions annuelles, pour un certain nombre de jeunes gens de famille, à qui leur mauvaise fortune avait refusé les secours nécessaires pour étudier. Mais surtout il eut grand soin de marquer sa reconnaissance aux dieux, qu’il regardait comme les auteurs de tous les biens dont il jouissait. Il leur éleva des autels, et leur bâtit un temple dans une de ses terres[1].
Ce respect pour les dieux de ses pères ne le rendit ni cruel ni injuste envers les chrétiens. Né dans le sein du paganisme, il les regardait comme des malheureux, séduits par les charmes d’une fausse et vaine superstition, et les plaignait. Pendant que ses plus chers amis, Corneille Tacite et Suétone, en parlaient comme d’une secte impie et détestable, comme d’une peste publique, et qu’ils les traitaient ainsi dans leurs histoires ; pendant que l’esprit de la cour où il vivait, était de les poursuivre et de les exterminer partout, la droiture de son cœur
- ↑ Près de Tifernum Tiburinum.