Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/57

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corrigea les égaremens de son esprit. Il osa bien, non seulement apporter dans l’instruction de leurs procès tous les adoucissemens que la sévérité des lois lui permettait d’imaginer, mais il alla même jusqu’à écrire à Trajan en leur faveur, et à rendre témoignage à leur innocence ; non qu’il reconnût la sainteté du culte qu’ils professaient, mais il rendait justice à la pureté de leurs mœurs.

C’en fut assez pour modérer le feu de la persécution, sous un empereur qui, tout païen qu’il était, avait des principes d’équité naturelle. Il ordonna que l’on ne recherchât point les chrétiens, et que l’on se contentât de les punir lorsqu’ils seraient dénoncés, et qu’ils persévéreraient.

Ceux qui ne peuvent s’empêcher de canoniser la vertu, partout où ils la trouvent, auraient cru commettre un crime, s’ils eussent laissé échapper une si belle occasion de faire de Pline un chrétien, et même un martyr, en le confondant avec un Secundus qu’ils trouvent dans la légende. Mais ceux dont le zèle se règle selon la lumière, assurent qu’il ne fut ni l’un ni l’autre, et qu’un événement de cette importance n’eût jamais échappé à la vigilance et à l’attention des auteurs chrétiens de ce siècle-là et des suivans. Non-seulement ces auteurs n’en font aucune mention, mais ils parlent d’une manière qui ne permet pas seulement de le soupçonner.

Aussi ne peut-on douter que la gloire ne fût l’âme des vertus de Pline. Pour elle, les plus durs travaux lui paraissaient pleins de charmes ; par elle, le sommeil lui devenait comme inutile. Veilles, repos, divertissemens, études, il y rapportait tout ; il y excitait sans cesse ses amis ; il reprochait aux gens de son siècle, que depuis