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PRÉFACE.

cophron de la philosophie, soit enfin que les éditeurs dussent manquer à une publication qui ne pouvait s’adresser qu’au très petit nombre.

C’était là cependant une lacune des plus regrettables. En effet, de quelque manière que l’on juge l’École d’Alexandrie, elle méritait d’être étudiée et remise en lumière. « On ne peut, dit M. Vacherot[1], méconnaître en elle tous les caractères d’une grande philosophie. École remarquable par ses origines, par le génie de ses penseurs, par la richesse et la profondeur de ses doctrines, par sa longue durée, par son rôle historique, par son influence sur les écoles du moyen âge et de la renaissance, elle mérite une place à part dans l’histoire de la philosophie, à côté du Platonisme et du Péripatétisme ; et la critique moderne, qui depuis quelque temps s’est exclusivement occupée de Platon et d’Aristote, ne pouvait oublier la doctrine qui fut le dernier mot de la philosophie grecque. » Or le père de cette grande doctrine, ou du moins celui qui l’a exposée de la manière la plus complète et la plus savante, c’est Plotin.

Et ce n’est pas seulement pour remplir un vide dans les annales de la science ou pour satisfaire une pure curiosité qu’il était nécessaire de connaître ce philosophe : c’est aussi pour éclairer l’étude et compléter l’intelligence des philosophes antérieurs, de Platon surtout. Plotin n’est guère en effet que le continuateur de Platon : « Platon s’arrête et se tait, dit M. de Gérando[2], lorsqu’il est arrivé au terme vers lequel il devait nous conduire (au seuil des théories) ; il laisse alors à son disciple le soin d’achever sa pensée. Plotin est ce disciple que Platon avait invoqué et qui achève en effet sa pensée, qui se charge d’expliquer ce que Platon

  1. Histoire critique de l’École d’Alexandrie, préface, p. II.
  2. Histoire comparée des Systèmes de philosophie, tome III, ch. XXI, p. 356.