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PRÉFACE.

mieux n’aient été omis ou tronqués, que les difficultés n’aient été éludées, les défauts dissimulés, et cette seule crainte suffira pour ôter au livre toute valeur et toute autorité. Il fallait donc une traduction complète.

Cela était surtout nécessaire pour un auteur qui est fort peu connu, qui est difficile à comprendre, et dont les doctrines sont devenues un objet de controverse car, en même temps que ces doctrines étaient exaltées par les uns et regardées comme le dernier mot de la science, elles étaient dépréciées par les autres et présentées comme le produit d’une imagination enthousiaste, comme un tissu de folles rêveries. Il n’y avait qu’un moyen de lever les doutes et de terminer les contestations, c’était, à l’aide d’une version fidèle, de mettre les pièces elles-mêmes sous les yeux de tous, et par là de faire chacun juge de la question.

Mais, ainsi conçu, notre travail n’en offrait que plus de difficultés. Il se rencontre en effet, dans la traduction d’un auteur tel que Plotin, des obstacles de plus d’un genre, et dont quelques-uns lui sont tout particuliers.

D’abord, les matières que traite l’auteur ne sont pas toujours d’un facile accès ; ce sont le plus souvent les questions les plus élevées ou les plus abstruses et les plus subtiles de l’ontologie, de la cosmogonie, de la psychologie, telles que celles qu’on voit agiter dans le Parménide et le Timée de Platon, dans la Métaphysique et le Traité de l’Âme d’Aristote, ouvrages que les travaux de vingt siècles n’ont pas encore entièrement éclaircis ; ce sont aussi les dogmes d’une philosophie nouvelle, puisée chez les Chaldéens, les Perses et les Juifs[1], dogmes qui sont encore incomplètement connus de nos jours. En outre, Plotin, embrassant, pour les fondre dans un vaste éclectisme, les doctrines de

  1. Voy. à ce sujet, outre les notes finales, le fragment de Numénius cité ci-après, p. XCVIII.