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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

tion. En effet Christos leur apprit la nature de la Syzygie, leur enseigna qu’il faut se contenter de comprendre Noûs, qu’on ne peut ni comprendre, ni concevoir, ni voir, ni entendre le Père lui-même et qu’on ne le connaît que par Noûs. Telle fut l’œuvre de Christos. Quant à Pneuma, elle enseigna aux Éons, qui étaient devenus tous égaux, à rendre des actions de grâces à Propator et elle les fit jouir d’un véritable repos. » (S. Irénée, I, 2.)

2. Jésus.

« Pleins de reconnaissance pour Propator, les Éons, d’un accord unanime, mirent en commun ce qu’ils avaient chacun de plus beau et de plus parfait, et unissant avec art tous leurs dons, ils produisirent, pour l’honneur et la gloire de Bythos, la beauté la plus parfaite, l’astre et le fruit excellent du Plérôme[1], c’est à dire Jésus, ou le Sauveur, auquel on donne encore les noms patronymiques de Christos, de Logos, enfin de Tout (Πάντα), parce qu’il est né de tous[2].


    son épouse, qui porte le nom d’Intelligence, et que les Gnostiques ont prise pour l’Esprit-Saint. » (M. Franck, La Kabbale, p. 343.)

  1. Les Valentiniens prétendaient que leur doctrine sur Jésus était indiquée dans plusieurs passages de saint Paul : « In ipso habitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter [les Valentiniens retranchaient le mot corporaliter » (Ad Colossenses, ii, 9. Omnia ex ipso et in ipsum omnia (Ad Romanos, xi, 36). »
  2. Saint Irénée et Tertullien disent avec raison que dans le système des Gnostiques, Jésus est une espèce de Pandore. En effet, le mythe de la naissance de Jésus et des anges qui l’accompagnent ressemble au mythe de Pandore, dans le sens ou l’entendaient les Néoplatoniciens. Voici comment Plotin s’exprime à ce sujet : « Ce monde, qui a beaucoup de lumière, et qui est illuminé par des âmes, se trouve encore orné par les diverses beautés qu’il tient de différents êtres : il reçoit ses beautés soit des dieux intelligibles, soit des autres intelligences qui lui donnent les âmes. C’est probablement ce qu’indique d’une façon énigmatique le mythe suivant : « Prométhée ayant formé une femme, les autres dieux l’ornèrent... Chacun lui fit un don, et elle fut appelée Pandora parce qu’elle avait reçu des dons, ἐϰ τοῦ δώρου, et que tous les dieux lui avaient donné, ἐϰ πάντων τῶν δεδωϰότων... Évidemment ce mythe indique les dons que le monde a reçus. » (Enn. IV, liv. iii, § 14). Dans le mythe des Gnostiques, les dieux intelligibles sont les Éons ; les intelligences qui donnent les âmes sont les anges qui accompagnent Jésus, ou, comme saint Irénée le dit plus loin, les lumières qui l’entourent ; enfin, les beautés que le monde reçoit des dieux intelligibles sont les dons faits à Jésus par tous les Éons, c’est-à-dire les formes intelligibles émanées du Plérôme et transmises à la matière par l’intermédiaire de Jésus, d’Achamoth et du Démiurge.