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AMMONIUS SACCAS.
FRAGMENTS CONSERVÉS PAR NÉMÉSIUS.





Le néoplatonicien Némésius, évêque d’Émèse à la fin du ive siècle, reproduit, dans son traité De la Nature de l’homme, deux démonstrations, l’une sur l’immatérialité de l’âme, qu’il attribue à la fois à Numénius et à Ammonius, l’autre sur l’union de l’âme avec le corps, qu’il rapporte exclusivement à Ammonius[1]. Voici ces deux passages, dont nous empruntons la traduction à l’honorable M. J.-B. Thibault :

Immatérialité de l’âme.

Il suffira d’opposer les raisons d’Ammonius, maître de Plotin, et celles de Numénius le Pythagoricien, à tous ceux qui prétendent que l’âme est matérielle. Or, voici ces raisons : « Les corps, n’ayant en eux rien d’immuable, sont naturellement sujets au changement, à la dissolution, et à des divisions infinies ; il leur faut nécessairement un principe qui les contienne, qui en lie et en affermisse

  1. Au témoignage que Porphyre nous a laissé sur le caractère général de l’enseignement d’Ammonius Saccas (Vie de Plotin, § 3, 14 ; p. 4, 15), on peut joindre celui d’Hiéroclès, qui s’exprime sur ce sujet avec beaucoup de précision dans un fragment de son livre De la Providence : « Enfin brilla la sagesse d’Ammonius, qu’on célèbre sous le nom d’inspiré de Dieu. Ce fut lui, en effet, qui purifiant les opinions des anciens philosophes, et dissipant les rêveries écloses de part et d’autre, établit l’harmonie entre les doctrines de Platon et d’Aristote dans ce qu’elles ont d’essentiel et de fondamental… Ce fut Ammonius d’Alexandrie, l’inspiré de Dieu, qui le premier, s’attachant avec enthousiasme à ce qu’il y a de vrai dans la philosophie, et s’élevant au-dessus des opinions vulgaires qui rendaient la philosophie un objet de mépris, comprit bien la doctrine de Platon et d’Aristote, les réunit en un seul et même esprit, et livra ainsi la philosophie en paix à ses disciples Plotin, Origène et leurs successeurs. » (Photius, Bibliothèque, p. 127, 461.) L’idée qu’Ammonius avait conçue de concilier Aristote et Platon a joué un rôle très-important dans l’É-