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LIVRE TROISIÈME.


DE LA PROVIDENCE[1].
DEUXIÈME PARTIE.

I. Que répondre à cette question[2] ? que la Raison universelle qui procède de l’Âme universelle] embrasse à la fois les choses bonnes et les choses mauvaises, qui sont également au nombre de ses parties : elle ne les engendre pas, mais elle existe avec elles dans son universalité. En effet, l’Âme universelle a pour actes les raisons [les âmes particulières], et ces raisons, étant des parties [de l’Âme universelle], ont elles-mêmes pour actes des parties [des opérations]. Ainsi, comme l’Âme universelle, qui est une, a des parties différentes, cette différence se retrouve dans les raisons et dans les opérations qu’elles produisent. Les âmes sont en harmonie entre elles ainsi que leurs œuvres ; elles sont en harmonie en ce sens que leur diversité ou même leur opposition forme une unité. Tout sort de l’unité, tout y est ramené par une nécessité naturelle ; ainsi, les créatures qui sont différentes et même opposées n’en sont pas moins coordonnées dans un même système, parce qu’elles proviennent d’un même principe. Quoique les animaux de chaque espèce, les chevaux, par exemple, s’attaquent, se mordent les uns les autres, et luttent entre eux avec une jalousie qui va jusqu’à la fureur, quoique les animaux des autres espèces, les hommes eux-mêmes, en fassent tout autant, cependant

  1. Pour les Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.
  2. Plotin répond ici à la question posée à la fin du livre précédent, p. 70.