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LIVRE TROISIÈME.


l’intelligence ont des fonctions différentes. Mais toutes choses forment une unité, se rapportent à une seule Providence, en sorte que le Destin gouverne ce qui est en bas et que la Providence règne seule dans ce qui est en haut. En effet, tout ce qui se trouve dans le monde intelligible est ou raison, ou principe supérieur à la raison, savoir Intelligence et Âme pure. Ce qui en provient constitue la Providence, en tant qu’il en provient, qu’il est dans l’Âme pure et qu’il passe ensuite dans les animaux. De là naît la Raison universelle] qui, étant distribuée en parts inégales, produit des choses inégales, comme le sont les membres d’un animal. À la Providence se rattachent comme conséquences les actions de l’homme dont les œuvres sont agréables à Dieu : car tout ce qui implique une raison providentielle est agréable à la Divinité[1]. Toutes les actions de cette espèce sont liées [au plan de la Providence] : elles ne sont pas faites par la Providence ; mais, quand l’homme ou un autre être, soit animé, soit inanimé, produit quelques actes, ceux-ci, s’ils ont quelque chose de bon, entrent dans le plan de la Providence, qui donne partout l’avantage à la vertu, redresse et corrige les erreurs[2]. C’est ainsi que

  1. ἧν γὰρ θεοφιλὴς ὁ λόγος τῆς προνοίας. Le sens de cette expression est expliqué par ce que Plotin dit plus loin de la raison et de la providence du médecin.
  2. S. Augustin explique de la même manière comment la Providence fait entrer dans son plan, non seulement les actions qui sont bonnes, mais encore celles qui sont mauvaises : « Non diligit Deus mala, nec ob aliud nisi quia ordinis non est ut Deus mala diligat. Et ordinem ideo multum diligit, quia per eum non diligit mala. At vero ipsa mala qui possunt non esse in ordine, quum Deus illa non diligat ? nam iste ipse est malorum ordo ut non diligantur a Deo. An parvus rerum ordo tibi videtur, ut et bona Deus diligat et non diligat mala ? Ita nec præter ordinem sunt mala que non diligit Deus, et ipsum tamen ordinem diligit : hoc ipsum enim diligit diligere bona et non diligere mala, quod est magni ordinis et divinæ dispositionis. Qui ordo atque dispositio, quia universitatis congruentiam ipsa