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TROISIÈME ENNÉADE.


transformé en un animal sociable, tel que l’abeille ou tout autre être de cette espèce[1].

III. Qu’est donc notre démon ? C’est une des puissances de notre âme. Qu’est notre dieu ? C’est également une des puissances de notre âme[2]. [Est-ce la puissance qui agit principalement en nous comme le croient quelques-uns ?] Car la puissance qui agit en nous semble être ce qui nous conduit, puisque c’est le principe qui domine en nous[3]. Est-ce là le démon auquel nous sommes échus pendant le cours de

    coup à parler des choses célestes, mais qui croient bonnement que c’est du témoignage des yeux qu’on peut tirer sur ces objets les preuves les plus infaillibles. » (Platon, Timée, p. 91 ; trad. de M. H. Martin, p. 243.)

  1. « Les plus heureux d’entre eux et les mieux partagés sont ceux qui ont exercé cette vertu sociale qu’on nomme la modération et la justice, qu’on acquiert par habitude et par exercice, sans philosophie et sans réflexion : car il est probable qu’ils rentreront dans une espèce analogue d’animaux paisibles et sociaux, comme des abeilles, des guêpes, des fourmis, ou même qu’ils rentreront dans des corps humains et qu’il en résultera des hommes de bien. » (Platon, Phédon ; t. I, p. 242, trad. de M. Cousin.)
  2. Tout ce passage est fort obscur dans le grec par suite de la concision du texte. Nous donnons le sens qui s’accorde le mieux avec la liaison des idées. Plotin vient d’expliquer comment une faculté devient dominante en nous. Dans les lignes qui suivent, il fait voir que nous avons pour démon ou pour dieu la faculté qui est immédiatement supérieure à notre faculté dominante, c’est-à-dire notre idéal, comme il le dit p. 110 : « L’amour qui conduit chaque âme à l’essence du Bien, et qui appartient à la partie la plus élevée, doit être regardé comme un dieu. Quant à l’amour qui appartient à l’âme mêlée à la matière, c’est un démon. »
  3. Plotin n’expose pas ici son opinion propre, mais une opinion étrangère qu’il écarte. On le voit par un passage où Proclus combat cette opinion ainsi que l’opinion de Plotin lui-même : « Nous n’approuverons pas ceux qui disent que notre démon est la partie de notre âme qui agit en nous, la raison, par exemple, dans ceux qui vivent selon la raison, et le principe irascible dans ceux qui sont irascibles. Nous n’approuverons pas non plus ceux qui [comme Plotin] regardent comme notre démon la partie de notre