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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRE I.

TROISIÈME ENNÉADE.

Porphyre a rassemblé dans la IIIe Ennéade, ainsi qu’il le dit dans la Vie de Plotin (§ 24, t. I, p. 30), les livres qui se rapportent à la théorie du Monde, considéré surtout au point de vue théologique et métaphysique.


LIVRE PREMIER.
DU DESTIN.

(I-II) Les essences premières n’ont point de cause parce qu’elles existent toujours. Les essences qui dépendent des essences premières tiennent d’elles aussi l’existence. Quant aux choses qui deviennent, elles ont toutes une cause. Seulement les philosophes en expliquent la production de diverses manières. Les uns rapportent tout aux atomes ou aux éléments, d’autres au Destin, qu’ils définissent de différentes façons, d’autres encore aux astres.

(III) La doctrine des atomes ne peut rendre compte des faits qui se produisent dans le monde, parce qu’elle suppose que tout arrive par hasard. La doctrine des éléments soulève les mêmes objections.

(IV) On ne peut admettre (comme Héraclite) qu’une cause, appelée Destin, agisse seule dans l’univers : car un pareil système détruirait l’enchaînement des effets et des causes, puisqu’il n’existerait dès lors qu’un seul être, qui agirait dans tous les autres êtres.

(V-VI) Il ne convient pas davantage de rapporter tout ce qui arrive à l’action des astres, comme le font les astrologues. Sans doute les astres exercent une influence physique sur notre corps, mais ils ne peuvent rien sur notre âme. Nous devons d’ailleurs à nos parents beaucoup de nos qualités corporelles. Les astres ne sont donc pas les auteurs des événements ; ils n’en sont que les signes en vertu des lois de l’analogie.

(VII) La doctrine (stoïcienne) que toutes choses dérivent l’une de l’autre par un enchaînement fatal détruit la liberté humaine, parce que, dans ce cas, toutes nos déterminations sont des impulsions que nous recevons du Destin.

(VIII-X) Pour sauver la liberté de l’homme sans détruire l’enchaînement et l’ordre des faits dans l’univers, il faut admettre deux espèces de causes : d’abord l’âme humaine, puis les causes secondes qui dépendent de l’Âme universelle. Quand l’âme humaine se détermine à un acte par l’influence que les choses extérieures exercent sur elle, elle n’est point libre. Ses actes ne sont vraiment indépendants que quand elle obéit à la raison pure et impassible, qu’elle n’est point égarée par l’ignorance ni dominée par la passion.