mesure d’une nature quelconque. Si le temps est le mouvement mesuré, c’est-à-dire mesuré par la quantité, en admettant qu’il ait besoin d’être mesuré, le mouvement ne doit cependant pas être mesuré par lui-même, mais par une chose différente de lui ; d’un autre côté, si le mouvement a une mesure différente de lui, et si, par suite, nous avons besoin d’une mesure continue pour le mesurer, il en résultera que l’étendue elle-même aura besoin d’une mesure, afin que le mouvement, étant mesuré, ait une quantité qui soit déterminée par celle de la chose selon laquelle il est mesuré. Par conséquent, dans cette hypothèse, le temps sera le nombre de l’étendue qui suit le mouvement, et non l’étendue même qui suit le mouvement.
Quel est ce nombre ? Est-il composé d’unités ? Comment mesure-t-il ? Voilà ce qui reste à déterminer. Supposons qu’on trouve comment il mesure, on n’aura pas encore trouvé le temps qui mesure, mais un temps qui est tel ou tel quantum. Or cela n’est pas la même chose que le temps : autre chose est le temps, autre chose telle quantité de temps. Avant d’affirmer que le temps a telle ou telle quantité, il faut déterminer ce qu’est la chose qui a cette quantité. Sans doute le temps est le nombre qui mesure le mouvement en lui restant extérieur, comme dix est dans dix chevaux sans être conçu avec eux[1]. Mais, dans ce cas, on n’a pas encore défini ce qu’est ce nombre qui, avant de nombrer, est ce qu’il est, comme serait dix considéré en lui-même[2]. C’est le nombre, dira-t-on, qui, en suivant le mouvement, mesure selon l’antériorité et la postériorité de
- ↑ Plotin continue à combattre la doctrine d’Aristote qui avait dit : « Le temps est un nombre, mais ce n’est pas un nombre nombrant, c’est un nombre nombré. » (Physique, IV, XII.)
- ↑ Voy. Enn. VI, liv. VI, § 4, 5, 6, 9, 10, etc. Nous avons donné ci-dessus, p. 125, note 2, un extrait de ce livre qui peut servir à comprendre ce passage.