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LIVRE SEPTIÈME.


temps, parce que c’est dans le temps qu’elle existe et qu’elle se meut. Au reste, cette sphère fût-elle en repos pendant que l’Âme agit, nous pourrions mesurer la durée de son repos, parce que ce repos est postérieur au repos de l’éternité. Puisque le temps est anéanti dès que l’Âme cesse d’agir et se concentre dans l’unité, c’est donc évidemment le commencement du mouvement de l’Âme vers les choses sensibles, c’est sa vie qui produit le temps. Aussi est-il dit [dans le Timée[1]] que le temps est né avec l’univers, parce

  1. « Le temps est donc né avec le ciel, afin que, produits ensemble, ils périssent ensemble s’ils doivent périr un jour, et il a été fait sur le modèle de la nature éternelle, afin qu’il lui ressemble autant qu’il est possible. Car de toute éternité le modèle est existant, et de tout temps, jusqu’à la fin, l’image est ayant été, étant, et devant être. C’est donc d’après cette pensée et ces réflexions de Dieu touchant la production du temps auquel il voulait donner naissance, que le soleil, la lune et les cinq autres astres nommés errants sont nés pour fixer et maintenir les nombres qui le mesurent. » (Platon, Timée, p. 38 ; trad. de M. H. Martin, p. 103.) Saint Augustin dit aussi que le temps est né avec le monde, et il en déduit qu’il est absurde de demander ce que Dieu faisait avant la création : « Nec patiar quæstiones hominum, qui pœnali morbo plus sitiunt quam capiunt et dicunt : Quid faciebat Deus antequam faceret cœlum et terram, aut quid ei venit in mentem ut aliquid faceret quum antea nunquam aliquid fecerit ? Da illis, Domine, bene cogitare quid dicant et invenire quia non dicitur nunquam ubi non est tempus. Quod ergo non dicitur nunquam fecisse, quid aliud dicitur nisi nullo tempore fecisse ? Videant itaque nullum tempus esse posse sine creatura, et desinant istam vanitatem loqui. » (Confessiones, XI, 30.) Bossuet dit lui-même d’après saint Augustin : « Cependant, je veux m’imaginer, il y a six ou sept mille ans, et avant que le monde fût, comme une succession infinie de révolutions et de mouvements entre-suivis, dont le Créateur en ait choisi un pour y fixer le commencement du monde ; et je ne veux pas comprendre que Dieu, qui fait tout, ne trouve rien de fait dans son ouvrage avant qu’il agisse : qu’ainsi, avant le commencement du monde, il n’y avait rien du tout que Dieu seul, et que dans le rien il n’y a ni succession, ni durée, ni rien qui soit, ni rien qui demeure, ni rien qui passe ; parce que le rien est tou-