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TROISIÈME ENNÉADE.


les choses procèdent (τὸ ἀφ’ οὖ) est meilleur que ce à quoi elles aboutissent (εἰς ὅ). Ce qui est origine n’est pas tel que ce qui est origine et fin, et ce qui est origine et fin n’est pas tel que ce qui n’est qu’origine. En d’autres termes, l’Intelligence même n’est pas l’intelligence d’une seule chose, mais l’intelligence universelle ; étant universelle, elle est l’intelligence de toutes choses[1]. Il faut donc, si l’Intelligence est l’intelligence universelles, est l’intelligence de toutes choses, que chacune de ses parties soit aussi universelle, possède aussi toutes choses ; sinon, il y aurait dans l’Intelligence une partie qui ne serait pas intelligence ; l’Intelligence se composerait de non-intelligences ; elle ressemblerait à un amas de choses qui ne formeraient une intelligence que par leur réunion. Ainsi, l’Intelligence est infinie : si quelque chose procède d’elle, il n’en résulte d’affaiblissement ni pour la chose qui procède d’elle, parce que ce qui procède d’elle est aussi toutes choses, ni pour l’Intelligence dont la chose procède, parce qu’elle n’est pas un amas de parties[2].

VIII. Telle est la nature de l’Intelligence. Elle n’occupe donc pas le premier rang. Il doit y avoir au-dessus d’elle un principe, que cette discussion a pour but de mettre en évidence. En effet, la pluralité est postérieure à l’unité : or l’Intelligence est un nombre ; le nombre a pour principe l’unité, et le nombre qui constitue l’Intelligence a pour principe l’Unité absolue[3]. L’Intelligence est à la fois intelligence et intelligible ; elle est donc deux choses à la fois.

    souverain auteur de tout, et de contempler d’un regard spiritualisé toutes choses en la cause universelle et les substances les plus opposées entre elles en l’Unité indivisible d’où elles procèdent. » (Des Noms divins, V, p. 412 de la trad. de M. l’abbé Darboy.) Voy. encore ci-après. p. 228. note 6.

  1. Voy. Enn. I, liv. VIII, § 2 ; t. I, p. 118.
  2. Voy. Enn. V, liv. I, § 4.
  3. Voy. Enn. V, liv. I, § 5-7. Nous lisons avec M. Kirchhoff τὸ ὄντως ἔν, au lieu de τὸ ὄυτως ἕν.