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TROISIÈME ENNÉADE.


existent par lui, parce qu’il est partout, mais en même temps toutes choses sont distinctes de lui, parce qu’il n’est nulle part. Pourquoi donc l’Un est-il non-seulement partout, mais encore nulle part ? c’est que l’Un doit être au-dessus de toutes choses : il doit tout remplir, tout produire sans être tout ce qu’il produit[1].

5. L’âme recoit sa forme de l’intelligence[2].

L’âme est avec l’intelligence dans le même rapport que la vue avec l’objet visible ; mais elle est la vue indéterminée qui, avant de voir, est cependant disposée à voir, à penser ; ainsi elle est avec l’intelligence dans le rapport de la matière avec la forme[3].

6. En nous pensant nous-mêmes, nous pensons une nature intellectuelle[4].

Quand nous pensons, et que nous nous pensons nous-

  1. On peut rapprocher de ce passage les lignes suivantes de saint Augustin : « Dieu est la cause véritable et universelle : Dieu. dis-je, en tant qu’il est tout entier partout, sans être enfermé dans aucun lieu ni retenu par aucun obstacle, indivisible, immuable. emplissant le ciel et la terre, non de sa nature, mais de sa puissance. Si en effet il gouverne tout ce qu’il a créé, c’est de telle façon qu’il laisse à chaque créature son action et son mouvement propres : aucune ne peut être sans lui, mais aucune n’est lui. » (Cité de Dieu, VII, 30 ; t. II, p. 58 de la trad. de M. Saisset.) Voy. aussi les Lettres de ce Père, CXXXVII, De Prœsentia Dei, § 5 et 6.
  2. « Divina Mens suo lumine rationalem generat animam, implet que illam perpetuo lumine : quo anima sempertum seipsam intelligit a Mente illuminatam, tum Mentem semper illuminantem. Id autem agit perpetuo intellect us noster, animœ caput ; rationalis vero facultas ad hunc quoque se habet, quasi visus ad lumen, non quidem semper, sed quando rationaliter intellectum. » (Ficin.)
  3. Voy. ci-dessus liv. VIII, § 10, p. 234.
  4. Quando homo per rationem quodammodo seipsum intelligit,