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QUATRIÈME ENNÉADE.


même[1]. C’est en nous livrant à cet examen que nous obéirons au précepte divin qui nous prescrit de nous connaître nous-mêmes[2]. Enfin, avant de chercher à découvrir et à comprendre le reste, il est juste que nous nous appliquions d’abord à connaître quelle est la nature du principe qui fait ces recherches[3] ; et, puisque nous aspirons à ce qui est aimable, il convient que nous commencions par contempler le plus beau des spectacles [celui de notre nature intellectuelle][4] : car, s’il y a dualité dans l’Intelligence universelle[5], à plus forte raison doit-il y avoir dualité dans les intelligences particulières. Nous avons aussi à examiner en quel sens on peut dire que les âmes sont les temples des dieux (ὑποδοχαὶ τῶν θεῶν)[6] ; mais nous ne pourrons traiter cette question qu’après avoir déterminé comment l’âme descend dans le corps.

  1. Saint Augustin exprime la même pensée avec plus de vivacité : « O utinam doctissiraum aliquem, neque id tantum, sed etiam eloquentissimum, et omnino sapientissimum perfectumque hominem de hoc interrogare possemus, quonam ille modo quid anima in corpore valeret, quid in seipsa, quid apud Deum, cui mundissima proxima est et in quo habet summum atque omne bonum suum, dicendo atque disputando explicaret ! » (De Quantitate animœ, 33.)
  2. Voy. Enn. VI, liv. VII, § 41. Voy. aussi Porphyre (Du précepte : Connais-toi toi-même, dans l’Appendice de ce volume) et Proclus (Commentaire sur le 1er Alcibiade, t. II, p. 2, 14, 16, éd. de M. Cousin).
  3. Voy. Enn. I, liv. I, § 13 ; t. I, p. 50.
  4. Voy. ci-dessus, p. 244, no 6. Saint Augustin, qui cite textuellement ce livre de Plotin à diverses reprises, comme on le verra ci-après (p. 290, note 2, et p. 305, note 1), paraît faire allusion à ce passage dans les termes suivants : « Cujus [philosophiæ] duplex quæstio est : una de anima, altera de Deo. Prima efficit ut nosmetipsos noverimus, altera ut originem nostram ; illa nobis dulcior, ista carior ; illa nos dignos beata vita, beatos hæc facit. Prima est illa discentibus, ista jam doctis. Hic est ordo studiorum sapientiæ, per quem fit quisque idoneus ad intelligendum ordinem rerum, id est ad dignoscendos duos mundos, et ipsum parentem universitatis, cujus nulla scientia est in anima nisi scire quomodo cum nesciat. » (De Ordine, II, 18.)
  5. Voy. ci-dessus, p. 239, et la note 1.
  6. C’est par leur intelligence. Voy. ci-après, p. 289, note 2.