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QUATRIÈME ENNÉADE.


le nombre des âmes : car ces animalcules dépendent de l’Âme une en tant qu’elle reste une [c’est-à-dire de l’Âme universelle]. C’est comme en nous : quand on coupe quelques parties de notre corps, et que d’autres poussent à la place, notre âme abandonne les premières, et s’unit aux secondes en tant qu’elle reste une. Or l’Âme de l’univers demeure toujours une, et bien que, parmi les choses qui sont contenues dans cet univers, les unes soient animées, les autres inanimées, les puissances animiques n’en restent pas moins toujours les mêmes.


IX. Examinons maintenant comment il arrive que l’âme descende dans le corps, et de quelle manière ce fait a lieu : car il mérite aussi d’exciter notre étonnement et de provoquer notre attention[1].

Il y a pour l’âme deux manières d’entrer dans un corps. L’une a lieu quand l’âme, étant déjà dans un corps, subit une métensomatose (μετενσωμάτωσις), c’est-à-dire passe d’un corps aérien ou igné dans un corps terrestre, migration qu’on n’appelle pas ordinairement métensomatose, parce qu’on ne voit pas d’où l’âme vient ; l’autre manière a lieu quand l’âme passe de l’état incorporel dans un corps quel qu’il soit, et qu’elle entre ainsi pour la première fois en commerce avec un corps[2].

Il convient d’examiner ici ce qu’éprouve dans ce dernier cas l’âme qui, pure jusque-là de tout commerce avec le corps, s’entoure pour la première fois d’une substance de cette nature. De plus, il est juste, ou plutôt, il est nécessaire que nous commencions par l’Âme universelle.

Si nous disons que l’Âme entre dans le corps de l’univers

  1. Deuxième question : Pour quelle cause et de quelle manière l’âme descend-elle dans le corps (§ 9-17) ? Voy. ci-après le livre VIII qui a été composé avant celui-ci.
  2. Voy. ci-après §15. Voy. aussi les Éclaircissements du tome I, p. 454.