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LIVRE TROISIÈME.


être ainsi si toutes les actions et toutes les passions de l’univers n’étaient réglées par des raisons qui déterminent ses périodes, les rangs des âmes, leurs existences, les carrières qu’elles parcourent dans le monde intelligible, ou dans le ciel, ou sur la terre. L’Intelligence universelle reste toujours au-dessus du ciel, et demeurant là tout entière, sans sortir d’elle-même, elle rayonne dans le monde sensible par l’intermédiaire de l’Âme qui, placée près d’elle, reçoit l’impression de l’idée et la transmet aux choses inférieures, tantôt d’une façon immuable, tantôt d’une manière variée, mais réglée cependant[1]. Les âmes ne descendent pas toujours également ; elles descendent tantôt plus bas, tantôt moins bas, mais toujours dans le même genre d’êtres [dans le genre des êtres vivants][2]. Chaque âme entre dans le corps qui est préparé pour le recevoir, et qui est tel ou tel, selon la nature à laquelle l’âme est devenue semblable par sa disposition (ϰαθ’ ὁμοίωσιν τῆς διαθέσεως) car, selon que l’âme est devenue semblable à la nature d’un homme ou à celle d’une brute, elle entre dans tel ou tel corps[3].

XIII. Ce qu’on appelle l’inévitable Nécessité et la Justice divine[4] consiste dans l’empire de la Nature qui fait passer chaque âme avec ordre dans l’image corporelle qui est devenue l’objet de son affection et de sa disposition principale. Aussi l’âme se rapproche-t-elle par sa forme tout entière de l’objet vers lequel la porte sa disposition intérieure : c’est ainsi qu’elle est conduite et introduite où elle doit aller ; non qu’elle soit forcée de descendre à tel moment dans tel corps, mais, à un instant fixé, elle descend comme d’elle-même (οἶον αὐτομάτως) et entre où il faut. Chacune a son heure : quand cette heure arrive, l’âme descend comme

    ces huit sons simultanés forment une seule harmonie. Voy. à ce sujet M. H. Martin, Études sur le Timée, t. II, p. 36-39.

  1. Voy. t. I, p. 191.
  2. Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XXXIX, t. I, p. LXXX.
  3. Voy. t. I, p. 385-387.
  4. Voy. ci-dessus p. 52, note 1, et ci-après § 24.